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Alors, vous en redemandez? C’est bien là l’effet jazz! Dans la première partie de notre série, on explorait l’histoire du jazz et le contexte dans lequel cette musique a évolué avec la batteuse Valérie Lacombe et le guitariste Sam Kirmayer, deux piliers de la scène jazz montréalaise. On s’est laissé avec la question suivante : où se tourner pour apprécier la musique? C’est bien simple: en commençant là où vous en êtes. Le répertoire jazz est tellement vaste, ce qui ajoute à la difficulté, mais cela signifie qu’il y en a pour tous les goûts. Voici comment trouver la musique qui vous plaît, à votre rythme (ou celui du jazz!).  

Un tour de passe du hip-hop

Le hip-hop (qui vient d’avoir 50 ans!) est né du jazz. Beaucoup d’artistes hip-hop sont également adjacents au jazz de manière sonique, comme MF Doom, Anderson Paak, The Roots, Common et bien d’autres. Dans les années 90, de nombreux artistes hip-hop ont émis des disques de jazz, et cette pratique perdure encore aujourd’hui. Par exemple, la pièce The World is Yours de Nas reprend la chanson I Love Music d’Ahmad Jamal. Si vous aimez un sample ou un riff, analysez son contenu à l’aide du web, ou faites une recherche en ligne pour vos beats préférés 

Le tempo des réseaux sociaux

À notre époque, les médias sociaux en font beaucoup pour le jazz. Avant de remporter un Grammy, Samara Joy s’est fait un nom sur TikTok. Elle s’est constitué une base de fans qui n’écoutait pas de musique de jazz, mais qui sont tombés sur ses vidéos au cours de la pandémie. Ces nouveaux convertis ont ensuite rempli les salles sur son passage lorsque les concerts ont repris. Allez, utilisez votre temps d’écran de façon productive! De plus, vous pouvez lire les commentaires sous les publications des artistes pour en savoir plus sur leurs influences. Suivez également les comptes de vos musiciens contemporains préférés pour être informés de leurs projets et de leurs concerts. 

L’immersion par album 

« Avec la culture de la diffusion en continu, tout vient à vous, tout est recommandé pour vous. C’est une écoute très passive », observe Valérie Lacombe. Cette façon de faire est, selon elle, contraire à l’esprit du jazz. « À titre d’auditeur, il faut être engagé, c’est un processus participatif « , dit-elle du jazz. Avec cette musique, l’expérience de l’écoute d’un album complet est presque obligatoire pour apprécier un artiste qu’on découvre. Au cours de leur carrière, les musiciens s’aventurent dans différents styles et collaborations à une cadence impressionnante. Afin de profiter de la dimension physique du disque sans se ruiner, on peut visiter notre bibliothèque locale et emprunter gratuitement des albums.

« Si on te demande quel est l’album qui t’a fait découvrir le jazz, que répondrais-tu? », demande Valérie à Sam Kirmayer, son conjoint et partenaire musical. « J’avais une compilation de Coltrane qui jouait à titre de sideman, et il y avait « Airegin » et « Mating call« , répond Sam. Il est ainsi facile de consulter les noms des autres musiciens qui jouent sur les chansons qu’on aime, et de découvrir leurs œuvres.

Dépoussiérer la radio 

Les listes de lecture créées par des algorithmes sont très variables, mais il existe une solution qui renoue avec la tradition : la radio. Sur ICI Musique, à l’antenne de Radio-Canada, le journaliste et amateur de jazz Stanley Péan anime Quand le jazz est là, un rendez-vous quotidien de deux heures en ondes 22 heures du lundi au jeudi. L’émission Saturday Night Jazz, animée par la musicienne Laila Biali, est également présentée chaque semaine sur les ondes de CBC. Vous pouvez également apprécier l’émission Jazz Night in America de NPR, également présentée sur Youtube, qui propose une variété de concerts d’artistes connus et émergents. 

Sortir pour entendre la musique 

Il ne reste plus que deux clubs de jazz à Montréal, Upstairs et Dièse Onze, où l’on peut assister à des spectacles de jazz presque tous les jours. Cependant, les musiciens demeurent très actifs, se produisant dans divers établissements et événements : il suffit de les suivre sur les médias sociaux pour connaître leurs prochaines représentations près de chez vous. Il y a également une multitude de festivals et d’événements de jazz locaux dans tout le pays (et dans le monde entier) pour vous permettre d’en profiter pleinement. 

Par ailleurs, les amateurs de jazz adorent en parler et se feront un plaisir de jaser avec vous. « Beaucoup de gens qui font partie de la scène ne sont pas musiciens. C’est très ouvert, si vous voulez en faire partie, c’est possible », poursuit Valérie. Si vous savez ce que vous avez entendu, elle suggère d’aller parler aux artistes après leur concert pour leur demander ce qu’ils écoutent ces jours-ci ou quel album les a initié au jazz. Par ailleurs, pendant les spectacles, les musiciens ont tendance à présenter les chansons et leurs compositeurs. On prend des notes!

Une autre caractéristique fondamentale du jazz est qu’il s’agit de musique faite pour être jouée live. Le jazz, c’est un dialogue créatif entre artistes et une musique basée sur l’improvisation. Même si vous allez voir deux fois le même concert, vous n’entendrez jamais deux fois la même chose. Cela s’applique également à l’enregistrement : en studio, le jazz est généralement enregistré en performance live. Voilà pourquoi tant d’albums de jazz enregistrés devant un public. C’est tout un art! 

« Si vous êtes curieux, vous n’avez qu’à y aller », invite Valérie. Aussi intimidante qu’elle puisse sembler, la scène jazz est très accueillante et fondée sur la camaraderie. L’ambiance y est vraiment détendue et conviviale. On vous y attend!

Pour en savoir plus sur l’histoire du jazz, consultez la première partie de notre série Faire place au jazz : les racines.

Texte écrit par Christelle Saint-Julien
Illustration par Yihong Guo