Dès que vous vous retrouvez dans une salle de cinéma, que ce soit pendant le film ou pendant les bandes annonces, votre oreille est fortement sollicitée. Des grondements qui vont crescendo vous donnent des frissons dans le dos, jusqu’à la grande explosion magnifiée par les puissants haut-parleurs de plusieurs mégawatts qui sont désormais la norme dans la plupart des cinémas. Le progrès fulgurant de la technologie audio pour le cinéma est lié à cette mise en valeur du son au cinéma, qui permet d’intensifier l’expérience sensorielle d’un film. Des plus subtils au plus spectaculaires, des craquements d’un plancher dans une maison hantée jusqu’aux explosions spectaculaires autour d’un sous-marin en plein combat, ce sont les effets sonores, qui vous font vivre le film comme si vous y étiez.
Le son n’a pas toujours été aussi central au cinéma. Bien que les intervenants du cinéma aient perçu depuis le début l’importance du son dans ce type de divertissement, ils ne disposaient pas de la technologie suffisante pour incorporer l’audio directement dans les films. À l’époque, la projection en salle était accompagné par un pianiste ou un organiste, qui improvisait des mélodies selon le fil de l’action qui se déroulait à l’écran, ou suivait une partition musicale si le studio de cinéma en avait fourni une. Les orgues de cinéma les plus élaborées étaient pourvus de systèmes permettant de reproduire des effets tels que le galop d’un cheval ou des coups de canon. Dans les cinémas japonais, un acteur réalisait les narrations en direct, et prêtait même parfois sa voix aux personnages principaux.
C’est dans les années 1920 que l’on a commencé à implanter les premiers systèmes de synchronisation audio pour les films. Dans certains, la bande sonore était imprimée directement sur la bobine du film, et pour d’autres, elle était enregistrée séparément sur un disque qu’on faisait jouer simultanément avec le film. Comme c’est le cas au XXIe siècle avec la bataille en DVD HD et Blu-ray, les différentes technologies se livraient un combat sans merci pour décrocher des contrats avec les studios de cinéma et remporter l’aval des consommateurs. L’approche son-sur-disque offrait une meilleure qualité audio mais était mécaniquement fragile. L’enregistrement sautait souvent, ce qui désynchronisait la bande sonore, et le projectionniste devait déplacer précisément l’aiguille pour réajuster l’image et le son. Les systèmes de son sur pellicule l’ont emporté sur le son-sur-disque jusque dans les années 1990, lorsque le numérique l’a remis sur le devant de la scène. Si vous avez vu le film Parc jurassique au cinéma, les cris de dinosaures à glacer le sang viennent d’un disque laser qui joue de manière synchronisée avec le film, suivant des marques optiques imprimées sur la bobine du film.
La synchronisation de la bande originale sur un film n’est que la dernière étape d’un long processus technique qui finit par conférer à un film son atmosphère sonore. Pour vous donner une idée de l’immense travail derrière un « boum » ou un « whizz » de qualité hollywoodienne, regardez le générique d’un film. Les centaines de noms et de fonctions qui défilent appartiennent à tous ceux qui choisissent les effets sonores et comment bien les faire sonner. Toutes ces compétences, vous pouvez les acquérir à l’Institut d’enregistrement du Canada/RAC. Les techniciens de son au cinéma ont différentes spécialisations, dont certaines permettent un grand degré de liberté créative alors que d’autres exigent plutôt une excellence technique.
Prenons une séquence de 30 secondes, pendant laquelle un acteur sort son téléphone cellulaire pour commander une pizza, et voyons tout le travail autour du son qui est impliqué. La plupart des téléspectateurs ne remarqueront pas le son du téléphone qu’on ouvre et la pression sur les boutons lorsque le numéro est composé, mais ils remarqueraient instantanément leur absence si ces sons n’étaient pas là. Il est impossible d’avoir ces sons à la prise de son, ils sont donc rajoutés par un technicien de son qu’on appelle bruiteur. Ensuite, un concepteur sonore décide quels sons d’ambiance sont les plus appropriés, par exemple du trafic automobile ou un groupe de gens qui discutent au deuxième ou troisième plan. La voix de l’acteur est souvent enregistrée séparément et synchronisée au mouvement de ses lèvres, parce que le son enregistré au moment du tournage est souvent mal enregistré, ou pollué par des sons ambiants comme le trafic, le bruit des machines, des avions qui survolent l’espace du tournage, ou des murmures dans l’équipe de tournage.
Revenons à notre scène de commande de pizza, mais du côté de la pizzeria : nous voilà à présent devant un autre ensemble de choix créatifs. Quelle sera la sonnerie du téléphone à la pizzeria, la voix de celui qui répondra au téléphone, et quels bruits d’ambiance entendra-t-on dans le restaurant ? Tous ces sons doivent être enregistrés, découpés, ou synthétisés. Il faut les traiter et les égaliser pour donner l’impression qu’ils font partie de la conversation, du même espace. Ensuite, les sons dans la scène sont mixés ensemble, et une musique d’accompagnement peut être ajoutée. Un film contient un grand nombre de scènes simples de ce genre, mais également des scènes beaucoup plus élaborées – le vol d’une banque, une fête de vacances – imaginez alors la quantité de post-production audio que cela implique. Une bonne conception sonore est si complète qu’on ne doit pas avoir besoin de regarder l’écran pour savoir ce qui se passe. Essayez de fermer les yeux devant un film pendant une minute la prochaine fois que vous serez au cinéma, et vous apprécierez la richesse du paysage sonore.
Tous les gens impliqués dans l’audio au cinéma, qu’ils se disent artistes ou techniciens, ont en commun une expertise approfondie des technologies audio. Depuis l’orgue de cinéma et les phonographes, l’équipement n’a cessé de se perfectionner : l’encodage numérique des sons analogiques en vue du stockage et de la manipulation est un processus très complexe, mais entre les mains d’un utilisateur expérimenté, cela ressemble à une performance artistique. Les studios de RAC Toronto sont ceux que Technicolor, un leader mondial en production cinématographique, a longtemps utilisés. Les installations de RAC Toronto comportent une salle de diffusion et de mixage en son Surround 5.1, avec une console Lafond à 160 canaux, des studios d’enregistrement et de bruitage, des systèmes Pro Tools HD, et une console Neve. Nos installations à RAC Montréal comportent 3 grandes salles de contrôle et 5 unités de mixage de petit format pour la post-production audio.
En tant que diplômé du programme de techniques de sonorisation et d’enregistrement musical à l’Institut d’enregistrement du Canada, vous bénéficierez d’une formation de terrain, en utilisant directement ces technologies. Vous ferez fructifier votre potentiel créatif et vous acquerrez l’expertise technique nécessaire pour réussir votre carrière de technicien de son pour le cinéma et la télévision. Qui sait, la prochaine fois que vous irez au cinéma, peut-être ce sera pour y entendre votre bande sonore faire trembler la salle !