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Diplômé.e 2016 de RAC, Rea Zakhour a fait du chemin avant de revenir à l’école en tant qu’assistant.e et qu’enseignant.e pour les cours de Techniques de sonorisation et d’Électroniques et technologie. De technicien.ne de son dans une station de radio et une école de théâtre en Jordanie, en passant par des contrats de voix off, pour se retrouver derrière la console avec le Club Med République Dominicaine, Rea a acquis un large éventail de compétences. Trimbalant des connaissances dans des domaines audio un peu moins abordés, mais non moins captivants et en demande pour les jeunes technicien.ne.s, Rea est d’une présence indiquée pour les étudiant.e.s de RAC. Aujourd’hui, sa pratique en sonorisation live lui a appris qu’il faut rester calme, penser vite, tout préparer et avoir un plan B puisque tout peut arriver. Continuez votre lecture pour en savoir plus sur ce.tte globe-trotter musical d’origine montréalaise.

RAC : Quels sont le meilleur et le pire moment que vous avez vécu en tant que technicien.ne de son?

Rea : Ma pire expérience remonte à l’époque où je travaillais comme technicien.e de théâtre dans une école où nous organisions des spectacles de théâtre musical de grande envergure. L’installation sonore était un peu complexe, avec un band live, des pistes d’accompagnement pour les effets sonores, des microphones périphériques et en overhead pour les acteurs, deux autres sans fil pour les narrateurs et 14 microphones lavaliers pour les acteurs principaux. Après les répétitions techniques et générales, tout était prêt pour la soirée d’ouverture. Mais lorsque les rideaux se sont ouverts et que le premier numéro a commencé, les microphones sans fil ont, un par un, commencé à avoir des problèmes et s’éteindre. Lorsqu’on a une salle pleine avec 512 personnes rassemblées – tous avec son cellulaire – peu importe à quel point le système est préparé, les microphones sans fil sont inutilisables. Alors, pendant le premier numéro, j’ai utilisé le microphones de secours pour les narrateurs et ne me suis servi que des microphones périphériques pour continuer avec le spectacle. Bien que stressante, cette expérience m’a appris l’importance de toujours vérifier le système dans des conditions similaires pour éviter au maximum les surprises.

Ma meilleure expérience a eu lieu en Jordanie où je travaillais en free-lance pour une fondation artistique. Nous avons réalisé une exposition expérimentale, centrée sur le concept de la lumière à travers différents supports. Les artistes ont conçu des œuvres utilisant différents types de technologies qui devaient toutes être opérationnelles en même temps. Au final, il y avait 4 systèmes sonores distincts, 2 systèmes laser, 3 systèmes d’éclairage et 8 projecteurs. Une fois que tous les systèmes ont été mis en place et que les portes aient été ouvertes, j’ai fait un tour pour tout vérifier. En voyant les artistes dans chaque espace expliquer leur travail à leur audience m’a fait réaliser tout ce que nous pouvons faire et dire avec notre travail.

RAC : Vous avez travaillé pour CIBL, 101.5 après vos études à RAC, pouvez-vous partager votre expérience à la radio?

Rea : Nous organisions des émissions en direct au cours desquelles nous enregistrions les performances des musiciens dans la cabine avec les commentateurs. C’est ce que je préférais. J’étais ravi.e de rencontrer les artistes et de les regarder jouer à plus petite échelle et sans public. Tout au long de la journée, j’étais aussi programmeur.re principal.e pour la musique. Grâce à un logiciel spécifique à la radiodiffusion, il est possible de programmer l’ordre, le mixage et la combinaison des chansons plusieurs jours à l’avance. Mon travail consistait à veiller à ce que les chansons aient des transitions fluides et des genres similaires. Je faisais également partie de l’équipe A&R, à la recherche de groupes locaux et internationaux à ajouter à notre répertoire.

RAC : Qu’est ce que les futurs producteur.rice.s ou technicien.ne.s de son doivent savoir pour le domaine de l’audio en théâtre?

Rea : Le multitâche est essentiel, mais il doit être contrôlé. Au théâtre, même si vous vous concentrez uniquement sur un système, il y aura toujours de nombreuses choses à prendre en compte. Dans une comédie musicale, vous devez penser aux musiciens, aux pistes d’accompagnement, aux micros de la salle, du public et des acteurs, aux moniteurs intra-auriculaires, au système de sonorisation ainsi qu’à l’enregistrement ou à la diffusion. Vous devez faire confiance à ce qui a été préparé, en sachant que le spectacle doit continuer quoi qu’il arrive. Lorsque tout est réuni, tout se met en place : c’est toute une œuvre d’art que vous avez aidée à faire vivre.

RAC : Qu’est ce que vous retenez de votre cheminement à RAC?

Rea : Tout. D’un point de vue professionnel, les enseignants ainsi que mes collègues de classe m’ont enseigné de nombreuses compétences que je garde dans ma boîte à outils. La plus importante étant le concept de garder la tête froide dans le chaos et de faire confiance à ses connaissances lors du dépannage. Chaque fois que je me trouve devant un nouveau système ou une nouvelle console, je sais que le son se déplace de la même manière qu’il l’a toujours fait et que je peux résoudre n’importe quel problème. D’un point de vue personnel, je me suis retrouvé au sein d’une communauté de personnes qui sont toutes très différentes, mais qui partagent toutes le même amour pour la musique et le son. Le fait d’être entouré de musicien.ne.s, de producteur.rice.s, d’auteur.e.s, de compositeur.rice.s de musique de film et de technicien.ne.s du son en direct m’a donné un sentiment de respect, de compréhension et d’enthousiasme pour l’avenir.

RAC : Comment êtes-vous devenu technicien.ne de son pour Club Med République Dominicaine? Qu’est ce que vous recommandez aux étudiant.e.s de RAC qui souhaitent pouvoir le faire?

Rea: Ayant grandi.e en me déplaçant, il est dans ma nature de m’orienter vers un emploi qui me permette de continuer à le faire. J’ai posé ma candidature au siège social du Club Med à Montréal et j’ai été accepté.e sur la liste de présélection. Dès que l’on a besoin de quelqu’un dans votre domaine, on vous appelle et vous vous rendez là où l’on a besoin de vous. Une semaine après avoir été accepté.e, j’ai reçu un appel de l’organisation me disant qu’elle avait besoin d’un technicien.ne de son dans le village de Miches, en République dominicaine. J’ai fait mes valises en quatre jours et pris l’avion pour un nouveau pays. J’ai rencontré des musicien.ne.s, des danseur.euse.s, des artistes de cirque et des comédien.ne.s extraordinaires et j’ai été technicien.e du son pour de nombreux spectacles. J’ai également créé deux nouveaux spectacles en collaboration avec le chorégraphe, costumier et chef de cirque. Je recommande d’être à l’aise avec le son en direct et d’être très sociable. Le Club Med a été créé dans la mentalité de la connexion avec les gens, c’est l’un de ses piliers les plus importants et c’est ce qui fait que vous nouerez des amitiés avec tout le monde, le personnel comme les clients.

La musique est liée à la guérison

– Notes Finales –

En plus d’être technicien.ne de son, Rea crée aussi sa musique. Ses premières compositions reposaient d’abord sur un processus thérapeutique pour l’aider à passer au travers de problématiques de santé mentale. Écrire les paroles et composer sont un moyen pour l’artiste de capturer son train de pensée et d’en faire un sens. De nos jours, pour la réalisation de son EP, iel a comme objectif d’utiliser des sons enregistrés pour créer un univers sonore ambiant, plutôt indie folk et moins centré sur ses expériences pour connecter avec les autres. Iel travaille présentement sur un court métrage d’animation et est aussi coproducteur.rice pour le prochain EP de son frère. Cette année, Rea prévoit d’obtenir une certification en charpenterie, afin de pouvoir continuer à construire son rêve, tant sur la scène que dans les coulisses de ses futurs projets au Canada.

Écrit par Caroline Boivin
Illustration par Yihong Guo