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Bien qu’il puisse y avoir une certaine confusion quant à la différence entre le mixage et le mastering, il est en fait assez facile de définir et de distinguer les deux. Tandis que les deux partagent des outils et des techniques similaires, le mastering est le processus de création d’une copie originale – ou master – d’une piste ou d’un fichier audio numérique à partir duquel tous les autres doubles seront générés dans le processus de production. Par exemple, si un artiste sort un album, un CD master (que l’on appellera naturellement « The Master ») sera utilisé pour réaliser les copies qui seront finalement envoyées pour distribution. Ce même processus s’applique à la production de vinyles et de cassettes, ainsi qu’aux fichiers numériques.

Montreal RAC instructor Steven‘s studio

La différence entre le mixage et le mastering

Le mixage, comme nous l’avons expliqué dans notre article d’Introduction au mixage Q&R, consiste à apporter équilibre et cohérence à toutes les pistes enregistrées dans un projet en les mixant en une seule piste stéréo. Cela signifie que si vous travaillez sur une chanson, tous les éléments enregistrés, comme la guitare, la voix, la batterie et la basse, doivent non seulement être entendus clairement, mais doivent aussi sonner parfaitement avec l’ensemble. Quel que soit l’instrument, l’objectif est d’essayer de faire en sorte que chacun s’entende bien dans le mixage, ce qui est possible lorsque l’ingénieur.e du son se concentre sur les différents artistes d’une chanson donnée.

Le mastering, quant à lui, intervient plus tard dans le processus. C’est à ce moment que l’ingénieur.e prend une vue globale et apporte des ajustements à la tonalité générale d’un projet, par opposition à ses éléments individuels. Bien sûr, la façon dont chaque instrument s’intègre dans le mixage est toujours importante, mais l’objectif principal n’est pas de modifier ou de remixer les pistes ; il s’agit de s’assurer qu’une piste unique est cohérente et complète un ensemble plus vaste (c’est-à-dire un album entier). Les ingénieurs de mastering doivent également s’assurer que la qualité du son restera la même quel que soit le système de lecture utilisé pour diffuser l’audio, ce qui illustre encore le niveau de compétence nécessaire au mastering, car la qualité d’une piste dépend en fin de compte du dernier ingénieur qui l’a entendue.

Vous pouvez lire une description plus approfondie des différentes fonctions d’ingénieur.e du son dans notre article sur les Possibilités de carrière en tant qu’ingénieur du son.

Studio Le Lab Mastering

Les origines du mastering

L’un des premiers moyens commercialement utilisés pour diffuser de la musique était le vinyle, dont le processus de distribution impliquait la découpe physique d’une plaque de vinyle à l’aide d’un banc. Veiller à ce que le processus de découpe soit effectué correctement exigeait une énorme compétence, car la moindre erreur dans la découpe du master pouvait faire glisser l’aiguille hors des sillons pendant la lecture de milliers de disques.

Au fil du temps, la cassette puis le disque compact sont devenus des formats populaires, deux supports beaucoup plus faciles à maîtriser car la perte de signal était minimale. De nos jours, après le mixage, une chanson passe souvent par une phase de « pré-mastering » qui implique bien plus qu’un simple ajustement du son global en fonction du support pour lequel elle est masterisée.  

Pré-masterisation et remasterisation

Depuis l’époque où l’on découpait des vinyles, les ingénieurs de mastering ont eu l’occasion de jouer avec le son, en expérimentant des choses comme l’égalisation et en profitant des nouvelles technologies qui leur permettent d’améliorer un mixage et d’en modifier considérablement la tonalité. C’est ce qu’on appelle le pré-mastering, qui est souvent effectué en même temps que le mastering de la piste.

Selon le projet et l’ingénieur.e, le processus de pré-mastering peut être aussi simple que l’ajout d’une compression ou l’ajustement des aigus et des graves d’une chanson, ou il peut être incroyablement approfondi, l’ingénieur.e travaillant sur une seule chanson pendant plusieurs jours à la recherche d’une vibe ou d’un ton spécifique. Ainsi, ce qui était autrefois un processus simple que n’importe quel technicien.ne audio compétent pouvait effectuer a maintenant évolué vers une industrie entière d’ingénieurs hautement expérimentés qui sont uniquement responsables des segments de mastering et de pré-mastering d’une session d’enregistrement.

Il existe également le processus de « remasterisation », par lequel un.e ingénieur.e accède à la sortie stéréo originale d’un album déjà sorti et en mastérise les pistes à partir de zéro. Bob Ludwig, lauréat d’un Grammy, est depuis longtemps considéré comme l’un des meilleurs dans ce domaine, et ses versions remasterisées de l’ancien catalogue des Rolling Stones sont un excellent exemple de l’efficacité de ce processus.

Le studio Signal to Noise de l’instructeur RAC à Toronto Rob

Mastering pour la sortie numérique

Dans l’ère du streaming d’aujourd’hui, il est très fréquent qu’un album sorte exclusivement sur une plateforme numérique. Faire appel à un.e ingénieur.e de mastering professionnel.le peut contribuer à donner à votre travail un son plus pur, mais c’est aussi quelque chose que vous pouvez faire vous-même si vous avez des ressources limitées. Si vous avez l’intention de masteriser et de pré-masteriser vos propres morceaux, voici quelques conseils généraux pour vous aider à commencer :

1. Faites correspondre vos niveaux (écoute A/B) : écoutez toujours votre mixage original à un niveau qui correspond à celui de votre version master. Lorsque vous écoutez les pistes « avant » et « après », veillez à les comparer en faisant correspondre le niveau du volume. Vous devez vous assurer que la piste est meilleure, et pas seulement plus forte.

2. Ayez de bonnes pistes de référence : pour qu’une session de mastering soit réussie, il est important d’avoir de bons matériaux de référence, comme d’autres disques qui ont un son que vous aimeriez atteindre. Comparer continuellement vos mixages avec des pistes de référence tout au long du processus de masterisation est un excellent moyen de contrôler votre perspective artistique, car cela vous évite d’avoir une guitare bruyante au hasard et qui ne correspond pas au reste de l’œuvre, juste parce que vous pensiez qu’un certain égaliseur sonnait bien à ce moment-là.

3. Veillez à mesurer correctement votre master : lors du mixage, le niveau maximal en « dB » est le principal moyen de mesurer l’intensité sonore d’une piste. Cependant, lorsqu’il s’agit de mastering, cette méthode n’est pas efficace pour diverses raisons, notamment parce que le niveau maximal ne tient pas compte de la manière dont l’oreille humaine perçoit et interprète l’intensité sonore. L’utilisation de l’algorithme « LUFS » (Unités d’intensité sonore pleine échelle ou Loudness Units Full Scale) est utile dans ce cas, car il détermine la sonorité perçue d’une chanson en analysant son volume moyen dans le temps, tout en compensant une multitude de variables telles que certaines fréquences auxquelles l’oreille humaine est plus sensible. LUFS permet aux ingénieurs d’obtenir un volume perçu cohérent entre toutes les pistes, quels que soient leurs niveaux de crête.

4. Adoptez une nouvelle perspective : le processus de mixage est épuisant pour les oreilles, il est donc important de s’éloigner des pistes pendant des jours, voire des semaines, avant de commencer le processus de masterisation.

5. Écoutez sur différents appareils : avant de choisir votre master « final », produisez quelques masters de test et écoutez-les sur des hauts-parleurs que vous connaissez bien (votre stéréo de voiture ou vos écouteurs préférés sont parfaits pour cela). Comment votre morceau se compare-t-il aux chansons que vous avez entendues des centaines de fois sur ces mêmes hauts-parleurs ? Vous pouvez également demander conseil à d’autres personnes, mais en fin de compte, c’est votre master, alors faites confiance à votre instinct !

Texte écrit par by Fayez Saidawi

Texte traduit par Ania Szneps

Illustration par Yihong Guo