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Le secteur de la musique est connu pour pouvoir offrir une myriade de sources de revenus possibles. Qu’on choisisse de s’engager dans plusieurs domaines ou de se spécialiser dans un seul, il est important de comprendre les complexités de ces différentes sources de revenus – en particulier celles qui impliquent des redevances – afin d’avoir une vue d’ensemble de toutes les opportunités et les revenus potentiels disponibles en tant que créateur dans l’industrie. Des spectacles en direct au streaming en passant par la marchandise, les possibilités varient considérablement.

L’une des pistes à explorer est la licence de synchronisation, soit l’autorisation donnée par les propriétaires d’une chanson de l’utiliser dans n’importe quel type de média visuel. Chaque fois qu’un morceau de musique est utilisé (que ce soit dans son intégralité ou juste pendant quelques secondes) dans un film, une émission de télévision, une publicité ou un jeu vidéo, une licence est nécessaire. Avec la quantité infinie de contenu visuel produit de nos jours, il y a une grande demande et donc beaucoup d’opportunités d’obtenir un placement de synchronisation. En fait, les licences de synchro peuvent être l’un des moyens les plus lucratifs de monétiser votre musique, même en tant qu’artiste indépendant.  

Dans cet article, nous vous donnerons un aperçu des différents droits impliqués dans la synchronisation et des redevances associées, ainsi que des principaux intervenants que vous devez connaître et comment ils fonctionnent.

Les bases

Pour comprendre comment fonctionnent les contrats de synchronisation, il faut d’abord savoir qu’il existe deux aspects du droit d’auteur (ou de la propriété) pour chaque chanson : l’aspect composition (c’est-à-dire l’édition) et l’aspect enregistrement. La composition d’une chanson (la musique et les paroles) appartient généralement aux compositeur.trices originaux et/ou à un.e éditeur.trice de musique qui les représente. L’enregistrement principal d’une chanson (l’enregistrement sonore) est généralement la propriété de l’artiste qui chante et/ou de sa maison de disques.  

Pour qu’une chanson soit légalement autorisée à être utilisée dans une production visuelle, tous les propriétaires doivent l’approuver. Il s’agit d’un élément très important de tout contrat de synchro, car si une chanson est utilisée sans l’autorisation d’un propriétaire, il peut y avoir de graves répercussions.

Frais de synchronisation et redevances

En échange de l’autorisation d’utiliser leur chanson dans un placement synchronisé, les propriétaires de la composition et de l’enregistrement principal reçoivent chacun une redevance initiale unique : une redevance de licence de synchronisation et une redevance de licence d’utilisation principale, respectivement, qui sont presque toujours de valeur égale. C’est là que les choses peuvent devenir intéressantes, surtout pour les créateurs.trices qui attendent souvent des mois avant de recevoir des redevances pour leur travail.

Selon le type de production, les budgets consacrés à la musique peuvent varier considérablement. Pour une émission de télé ou un film indépendant à petit budget, les titulaires de droits d’auteur peuvent gagner quelques centaines de dollars. Pour les séries et les films à plus gros budget, il peut s’agir de quelques milliers de dollars, et même de 10 000 dollars ou plus selon le placement. Les campagnes publicitaires nationales et les bandes-annonces de films peuvent être extrêmement bien payées et rapporter six chiffres rien que pour les frais initiaux!

Vous vous dites peut-être que seuls les artistes très connu.es obtiennent ce type de contrats de synchronisation, mais comme nous l’avons mentionné, la musique des artistes indépendant.es est en fait souvent demandée, car de nombreuses productions n’ont pas le budget nécessaire pour obtenir la licence d’un titre d’un grand label. Elles aiment aussi parfois utiliser de la musique moins connue, car elle peut ajouter un élément de nouveauté. 

En plus de la redevance fixe reçue comme titulaire des droits d’auteur, vous pouvez également percevoir des redevances d’exécution en tant qu’auteur.e-compositeur.trice et/ou éditeur.trice pour chaque fois que le placement est diffusé. Ces redevances sont perçues par des OPR (organismes de redevances d’exécution) tels que la SOCAN, si vous êtes Canadien.ne. C’est pourquoi il est important d’enregistrer toutes vos compositions auprès de la SOCAN, qu’elles aient été diffusées ou non, et d’y inclure les renseignements de tous vos coauteurs.trices et éditeurs.trices, afin que la SOCAN sache à qui distribuer les redevances.

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Comme vous pouvez l’imaginer, de nombreux propriétaires.trices/détenteurs.trices de droits peuvent être impliqué.es dans une chanson particulière, rendant ainsi la procédure d’autorisation délicate. C’est l’une des principales raisons pour lesquelles les productions préfèrent travailler avec des intermédiaires tels que les superviseurs musicaux et les agents de licence plutôt que d’obtenir des licences directement auprès des artistes.

Les principaux acteurs de l’industrie de la synchronisation :

Les superviseurs musicaux

Le rôle le plus important dans l’octroi de licences de synchronisation est sans doute celui du superviseur musical. Responsable de la recherche et de l’approbation de la musique pour les placements synchronisés, c’est le lien entre les médias visuels et la musique. Le producteur ou le réalisateur du projet en question leur donne des instructions, parfois sous la forme d’un briefing, pour lequel ils doivent sélectionner les chansons qui donneront vie à la vision. Une fois que les superviseurs ont trouvé la chanson parfaite (avec l’approbation de la production), ils doivent s’assurer qu’elle peut être autorisée et sont donc généralement bien informés des pratiques en matière d’octroi de licences musicales.

Ce travail peut sembler prestigieux, et il l’est sûrement parfois, mais il comporte aussi des enjeux importants et se déroule à un rythme accéléré. Les décisions doivent parfois être prises rapidement et les superviseurs musicaux doivent être absolument sûrs de pouvoir placer une chanson sans conséquences juridiques. Malheureusement, de nombreux artistes ne sont pas bien informé.es des procédures liées à l’octroi de licences de synchro et peuvent souvent négliger certains détails juridiques lorsqu’ils accordent la permission de placer leur chanson sous licence, ce qui peut entraîner des problèmes pour les superviseurs musicaux. 

Par exemple, si vous utilisez un échantillon dans la production de votre chanson mais n’avez pas obtenu l’autorisation de l’utiliser pour ce placement  particulier, le créateur de l’échantillon peut intenter un recours en justice. Ou encore, si votre coauteur a accepté verbalement de partager la composition à parts égales, mais qu’il a oublié de mentionner qu’il a conclu un accord avec un éditeur, ce dernier doit aussi donner son autorisation pour le placement. 

Bien que les artistes puissent établir des relations avec les superviseurs musicaux et travailler directement avec eux, ils se tournent généralement vers des tiers, tels que des agences de licences, lorsqu’ils recherchent une chanson, parce que celles-ci connaissent le secteur en profondeur et peuvent être sûres d’éviter tout problème juridique.

Les Agences de licence de synchro 

Les agences de licences de synchro agissent en tant que représentants d’artistes. Elles acquièrent les droits sur votre musique et la présentent en votre nom aux superviseurs musicaux pour être utilisée à la télé, dans les films, etc. Cela vous évite tout souci juridique et vous donne l’avantage considérable de bénéficier de toutes leurs relations et contacts dans l’industrie. En retour, l’agence prend un pourcentage des frais de synchronisation initiaux et, parfois, un pourcentage de vos droits d’édition. 

Les conditions d’un contrat d’agence de licence peuvent varier et vous devez les examiner attentivement avant de signer. Il est important de savoir si l’accord est exclusif ou non, ce qui signifie que l’agence a le droit exclusif de présenter cette chanson particulière (ou même un catalogue de chansons) et qu’aucune autre agence ou tierce partie ne peut le faire. Qu’il s’agisse de grandes agences comme Zync Music et Secret Road ou de petites agences comme Lyric House et Marmoset, il est important d’évaluer vos options et de trouver ce qui vous convient le mieux.

Bibliothèques musicales

Les bibliothèques musicales sont une autre source vers laquelle les superviseurs musicaux se tournent pour trouver de la musique. Les bibliothèques se distinguent des agences parce qu’elles ne proposent généralement pas activement votre musique. Vos chansons font partie d’un ensemble de musique beaucoup plus vaste et vous pouvez donc vous attendre à moins de placements, des rémunérations plus faibles et des conditions différentes de celles d’une agence. Cela ne veut pas dire que vous ne devriez pas mettre votre musique dans des bibliothèques, mais il faut simplement reconnaître l’approche différente et comprendre que toutes les bibliothèques ne sont pas égales en termes de ce qu’elles offrent. Faites vos recherches!

Comme pour les agences, une bibliothèque musicale peut être exclusive ou non exclusive – ou les deux, comme Audiosocket and ASX or Music Gateway. Il peut aussi être plus facile de soumettre votre musique à des bibliothèques qu’à une agence, surtout si vous débutez, car de nombreuses agences n’acceptent pas les soumissions non sollicitées. Vous pouvez également les cibler en fonction du genre ou d’autres catégories, comme les bibliothèques instrumentales telles que PremiumBeat.


—Notes finales— 

Non seulement les licences sur votre musique peuvent être très lucratives, mais elles permettent aussi de faire connaître votre musique et ouvrent la voie à d’autres opportunités fructueuses. C’est un moyen formidable pour les fans et les professionnels de découvrir votre travail. Bien entendu, même si la demande n’a jamais été aussi forte, il s’agit encore d’un domaine très compétitif. Ne manquez pas notre prochain article, dans lequel nous examinerons plus en détail la manière dont vous pouvez obtenir une licence de synchronisation.

Lisez notre article Licence de synchro, deuxième partie : comment préparer votre musique pour la synchro

Écrit par Andria Piperni
Traduit par Maryse Bernard
Illustration par Yihong Guo