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Questions Rapides

Ton signe zodiaque : Sagittaire

Qu’est ce qui joue dans tes écouteurs en ce moment? J’écoute Pains de Silk Rhodes en boucle ces temps-ci! Sinon j’écoute beaucoup Arlo Parks, Leon Bridges, Lorde et tout ce sur quoi Jack Antonoff a travaillé.

Chansons que tu aurais aimé avoir écrit : Green Light de Lorde

Un flanger, du trémolo, des mélanges de voix disparates et des arrangements qui nous transforment en funambules suspendus dans les airs. À l’écoute du récent album Wild Tension de Lila Gray, nous découvrons un univers sonore parsemé de contradictions : des productions minimalistes pourtant créées tout en profondeur et complexité, des inspirations marquées d’une autre époque, le tout mélangé aux techniques modernes de productions. Un album qui, pour elle, s’inscrit dans un mode de création moins expérimental que son premier, Not What I Was Promised, lancé en 2021.

Néanmoins, sur Slow The Burn, Lila s’est amusée à enregistrer sa voix et celles des harmonies à différents endroits dans le studio, créant des effets et textures uniques. Sur l’album deluxe (qui n’est pas encore disponible), elle crie une partie des paroles du coin de la pièce. Cela reste important pour elle de continuer à user de sa créativité pour la production et la conception sonore de sa musique.

La boucle de l’inspiration 

Pour créer, la musicienne suit un processus précis qui s’inscrit dans une succession d’étapes cruciales : « j’écris, je produis, je publie puis je fais la promotion de mon travail. Je ne peux en aucun cas briser ce cycle. Par exemple, je ne peux pas écrire en même temps que je produis ou que je fais la promotion et vice versa. Je dois donner à chaque section de l’œuvre son propre espace et son propre temps. » 

Guitare en main pendant sa période d’écriture et de composition, elle s’inspire de sa propre vie, de celle de ses amis.es, d’émissions de télévision, de films ou d’autres albums. Elle s’inspire aussi de techniques d’écriture de récits en imaginant des personnages et des intrigues. « J’ai récemment pris beaucoup de plaisir à inventer des personnages et des histoires pour écrire. Je crée en quelque sorte ces petits univers dans lesquels mes chansons vivent. » 

Du violoncelle à la production audio

L’étudiante de RAC à Montréal a su très jeune que la musique devait faire partie intégrante de sa vie. Née à Vancouver, elle a commencé à jouer du violoncelle à l’âge de 5 ans. « J’ai toujours été entourée de musique. Mes parents ont fait un excellent travail en m’exposant à une tonne de grands noms de la musique et en me forçant à jouer d’un instrument dès mon plus jeune âge. Je suis plus que reconnaissante d’avoir eu des parents qui m’ont soutenue », raconte-t-elle. Mais le milieu de la musique n’étant pas le domaine où les revenus sont des plus stables, elle a voulu trouver quelque chose qui pourrait le complémenter. « J’ai commencé à faire ma propre musique à 13 ans, mais pour trouver une stabilité, je me suis tourné vers la production. »

La dernière pièce du casse-tête

Ce qui n’était pour la jeune Lila qu’un moyen d’avoir une stabilité financière est devenu une passion, et ce, dans tous les aspects possibles. « C’était la dernière pièce du puzzle dans ma relation avec la musique. Juste avant la pandémie, j’ai été accepté dans un programme universitaire de production audio à Londres. Mais tout a déraillé avec COVID-19 et dans un but de rester plus près de ma famille en cas de fermeture des frontières ou de tout autre confinement, j’ai commencé à chercher des écoles au Canada et j’ai trouvé RAC. »

« Il faut apprendre les règles pour pouvoir les laisser de côté et trouver ce qui fonctionne mieux pour vous et définir vos propres lois. »

C’est cette philosophie que l’auteure compositrice interprète met aujourd’hui en pratique depuis son passage à RAC. Qu’elle doive créer de la musique pour elle ou pour d’autres, elle commence par établir les règles et la structure au début du projet. C’est une fois que tout est bien organisé qu’elle commence à jouer avec elles en choisissant celles à enfreindre et celles à suivre. « C’est un état d’esprit vraiment cool. Avant, j’avais l’impression d’être celle qui se devait de suivre les règles, donc c’est vraiment rafraîchissant », dévoile-t-elle.

Une musique pop alt moderne : la fin du genre en musique

Ayant grandi avec The Beatles, James Brown, Queen, and The Kinks en toile de fond, la jeune productrice exploite aujourd’hui toutes ces influences lui permettant de définir sa musique à sa façon, sans préciser un genre musical en tant que tel. Pour elle, c’est exactement ce qui se passe dans l’industrie de la musique. « Je pense que les lignes et les frontières entre chaque genre deviennent de plus en plus floues : il s’agit davantage du son de l’artiste que du genre spécifique dans lequel il crée. Pour moi, c’est ça la musique moderne», explique-t-elle.

C’est aussi ce qui l’amène à travailler avec des artistes qui ont tendance à graviter autour de genres qui sont loin de ceux dans lesquels elle à tendance à écrire ou produire. « C’est définitivement quelque chose qui nous oblige à sortir de notre zone de confort et à déployer notre savoir-faire dans des genres variés. Cela bâtit aussi ma confiance en tant que productrice. »

Sur la route cet automne 

En août, Lila terminera ses études à RAC et prendra du temps pour elle : « J’ai vraiment envie de me remettre à écrire beaucoup cet été parce que je me suis tellement concentrée sur la production durant mon année de formation. »

Elle profitera de cette pause pour se préparer à sa tournée canadienne prévue cet automne. « Depuis COVID, je n’ai joué qu’une poignée de concerts, mais maintenant que j’ai un nouvel album avec plein de chansons à jouer, je suis ravie de pouvoir programmer un plus grand nombre de concerts », déclare-t-elle.

Passant par Vancouver, Ottawa et Toronto, Lila Gray a bien hâte de rencontrer son public et de sentir son énergie. Quoi qu’il advienne, la jeune artiste est plus que prête : « Que la salle soit remplie ou qu’il n’y ait que deux personnes dans le public, nous allons donner le meilleur de nous-mêmes et offrir tout un spectacle! »

Texte écrit par Caroline Boivin

Illustration par Yihong Guo