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Luke Leveille, un diplômé de RAC, a travaillé en studio avec les artistes Drake, Wiley, Ghostface Killah, P.Reign, The Weeknd, Gentlemen Husbands, Majid Jordan et les réalisateurs Noah “40” Shebib, Boy1da, Carlos Illangelo, Damon Sharpe, Pro Logic et Gavin Brown, pour ne mentionner qu’eux. Luke nous raconte le chemin qui l’a mené à travailler avec ces artistes et réalisateurs mondialement réputés.

Luke, comment en êtes-vous arrivé à la production musicale?

Je voulais être dans la musique depuis l’âge de 15 ans. Alors que j’étais dans un groupe, dans ma ville de Timmins, Ontario, j’ai dépensé beaucoup d’argent pour enregistrer dans le studio de quelqu’un d’autre. Malheureusement, j’étais déçu par le résultat final. Alors, j’ai pris un moment pour réfléchir, et je me suis dit que je pouvais le faire moi-même. J’ai fini par acheter une interface et quelques microphones, et j’ai commencé à enregistrer des groupes locaux dans le sous-sol de mes parents, sans vraiment savoir ce que je faisais. Lorsque j’ai fini l’école secondaire, j’en ai discuté avec mon conseiller en orientation et il m’a parlé de RAC. Ce que je trouvais attirant à l’Institut d’enregistrement du Canada, c’était la courte durée du programme, un an, et que l’école était située au centre-ville de Toronto.

Que s’est-il passé lorsque vous êtes arrivé à Toronto?

Dès que je suis arrivé à Toronto, je me suis dit : C’est parfait ! Tout ce dont j’ai besoin est là. Il y a une belle ambiance dans la ville. Beaucoup de studios, de promoteurs, de grands évènements. Des tonnes de musique. Lorsqu’on grandit dans une petite ville, on s’habitue à ne pas avoir accès à la culture musicale et aux ressources nécessaires pour exercer dans l’industrie. J’étais donc émerveillé par tout ce qui était à ma disposition.

Décrivez votre expérience à RAC ?

A RAC, j’ai acquis une expérience axée sur la pratique de tous les concepts fondamentaux. Lorsque je suis arrivé à Toronto pour la première fois, je ne m’étais jamais assis derrière une console. Je ne connaissais rien des aspects théoriques et physiques du son, je ne savais pas vraiment comment fonctionnent un compresseur ou un routage de signal, jusqu’à ce que j’apprenne tout cela de manière structurée à RAC. La clé de la réussite est d’avoir des explications détaillées et profiter du point de vue des professionnels sur les concepts fondamentaux. C’est aussi à RAC que j’ai découvert Pro Tools (le logiciel standard de l’industrie) pour la première fois, et maintenant je n’utilise rien d’autre que ce logiciel en tant que technicien de son.

Et après, qu’est-ce qui s’est passé?

Lorsque j’ai obtenu mon diplôme de l’Institut d’enregistrement du Canada, j’ai décidé que ma carrière en enregistrement serait mon objectif principal. Je me suis toujours assuré que j’allais de l’avant et que je créais les bons contacts Cela m’a permis de me retrouver en studio à chaque fois qu’une occasion se présentait.

En fait, un mois avant ma graduation, j’ai obtenu un stage dans un petit studio, Q Music. J’avais discuté avec l’un des nos professeurs invités, Robert Sibony, après sa présentation et je l’ai aidé à remballer. Au fil de la conversation, il a fini par m’offrir un stage. C’est là que j’ai rencontré Dajaun Martineau, et nous avons commencé à travailler ensemble. Nous avons développé une belle relation de travail, et nous somme devenus colocataires. Nous nous sommes tous les deux retrouvés à Phase One, lui comme assistant et moi comme stagiaire. Une semaine après mes débuts à Phase One, la responsable du studio, Donny Da Silva, avait quitté pour Noble Street Studios. Je suis resté à Phase One pendant une année et demi environ, et finalement j’ai dû chercher du travail comme assistant ailleurs, puisque leur équipe était complète. C’est à ce moment que j’ai appliqué à Noble Street, et grâce à mon contact Donny de Phase One, ainsi qu’à une solide recommandation du propriétaire Barry Lubotta, j’ai été embauché à Noble.

Parle-nous des studios de Noble Street.

Noble Street Studios est une installation de pointe dans un immeuble construit spécifiquement à cette fin, au cœur de la partie ouest de Toronto. C’est un environnement parfaitement conçu pour l’expression artistique et le confort, avec le meilleur de la technologie d’enregistrement moderne et vintage.

Sur quels projets as-tu travaillé à Noble ?

Le plus grand projet était Drake. J’ai travaillé de près avec Noah “40” Shebib comme assistant ingénieur pendant qu’il produisait le single posthume d’Aalliyah, “Enough Said” dans lequel figure Drake. De là, ils ont commencé à travailler sur les pistes qui sont finalement devenues l’album Nothing Was The Same, et chaque fois qu’ils venaient à Noble Street, j’assistais aux sessions. De belles choses me sont arrivées du fait d’avoir Drake sur mon CV. J’ai eu la chance de travailler avec des producteurs tels que Carlos Illangelo, Gavin Brown, Eric Ratz, Ted Chung (qui est l’agent de Snoop Dogg), ainsi que des artistes tels que Wiley, The Weeknd et Wakka Flocka Flame, entre autres. Tout d’un coup, mon dur labeur a fini par donner des résultats et je me retrouve à travailler auprès de ces producteurs et de ces artistes de grand talent.

Quels conseils donneriez-vous à des étudiants potentiels ?

Avant tout, décidez si la musique est vraiment ce que vous voulez faire dans la vie. On ne peut pas s’assoir entre deux chaises lorsqu’il s’agit d’une carrière dans l’industrie musicale. La musique doit être à l’avant-plan de chaque décision que vous prenez. Si vous vous engagez dans la musique, vous devez vous y tenir. Et il n’y a pas de chemin clair. Chacun a son propre cheminement, alors s’y accrocher est la chose la plus importante. J’ai tout fait pour passer le plus de temps possible en studio et j’ai fait de l’audio ma priorité. Lorsque je ne travaillais pas pour faire de l’argent, je travaillais pour faire de la musique et c’est ainsi que ces deux aspects sont finalement devenus une seule et même chose.

Comment FACTOR a-t-il joué un rôle important dans le développement de votre carrière ?

J’ai envoyé environ 10 applications de bourses FACTOR jusqu’à présent dans ma carrière, et j’ai reçu des fonds pour 6 de ces projets. C’est là que le programme de RAC a été superbe. Des conférenciers invités durant le cours d’industrie musicale à RAC nous ont tout dit à propos de leur l’expérience du système FACTOR et cela m’a beaucoup aidé. Cela m’a donné une idée très claire de ce que FACTOR recherchait. La plupart des groupes n’ont aucune idée de la façon dont FACTOR fonctionne. Ma connaissance me permet d’analyser les applications du groupe à FACTOR et de les aider à se mettre dans la peau du jury de FACTOR quand ils remplissent leur application. Mon conseil est de la voir comme une application auprès d’un investisseur. Plusieurs groupes le voient comme une aumône, mais vous avez besoin d’être stratégique et d’avoir le sens des affaires pour pouvoir soumettre une application qui satisfera aux conditions requises. Au bout du compte, j’ai utilisé FACTOR pour financer des projets qui étaient vraiment importants pour ma carrière. C’était donc un aspect crucial de ma croissance comme ingénieur et réalisateur de disques.

Parlez-nous de votre formation en milieu de travail ?

Lorsque je suis arrivé chez Noble, ils venaient d’acquérir une SSL 6000 du studio McClear pour leur studio B, et ils avaient aussi pour projet d’y installer une nouvelle salle de performance. J’ai énormément appris en participant à la reconstruction et au recablage du studio. J’ai rafraichi des condensateurs, fait de la soudure et on m’a fait participer au réassemblage de la console. Cela m’a appris beaucoup de choses sur les consoles vintage et la technologie de l’enregistrement. Je travaille aussi de près avec notre ingénieur technique, Chris Simon, dans la maintenance et la réparation de notre équipement, ce qui me permet d’en apprendre beaucoup le fonctionnement de l’équipement de l’intérieur. Cela est très gratifiant, d’autant plus que plusieurs composants ne sont plus usinés et nous devons faire beaucoup de recherche et de dépannage pour les faire fonctionner. J’ai aussi fait partie d’un énorme projet, le printemps dernier, au cours duquel nous avons équipé nos deux consoles SSL vintage avec de nouveaux commutateurs de routage. Les assemblages des commutateurs ne sont plus usinés, nous devions donc les concevoir et les construire par nous-mêmes. Nous avons du créer des lignes d’assemblage avec une personne qui dépinglait les anciennes cartes, une autre qui mettait les commutateurs sur les nouvelles cartes, une troisième qui ré-épinglait les assemblages et encore une autre qui les mettait dans la piste de la console. Cela a demandé trois mois de travail, mais c’était très gratifiant lorsque tout fonctionnait. J’ai aussi construit des pré-amplis sur mesure, par moi-même, en assemblant tous les composants et j’ai dépanné mon équipement pour toutes sortes de problèmes.

Que diriez-vous à un potentiel stagiaire ?

Présentez-vous avec une belle attitude, ayez une bonne relation avec tout le monde, soyez intuitif et gardez toujours le studio propre et bien entretenu. Travaillez fort : s’ils vous disent que votre stage est de 10 heures à 18 heures, n’hésitez jamais à aller au-delà des attentes. Soyez prêt à vous engager autant que possible et même plus, juste pour vous donner l’opportunité d’être présent si une occasion se présentait. Si vous voulez passer tout votre temps à faire du studio, pourquoi vous dépêcheriez-vous de partir lorsque l’horloge sonne une certaine heure? Si vous vous contentez de faire le minimum requis, alors ils vous remercieront pour votre temps et vous enverront ballader.

Dites-nous, Luke, c’est quoi la suite pour vous ?

Je commence à m’initier la production vidéo. Il y a plusieurs aspects qui renvoient à la musique, donc c’est un passe-temps amusant.

Recording Arts Canada aimerait féliciter Luke pour ses réalisations. Une chose est sure, ces réalisations ne sont que la partie visible de l’iceberg d’une impressionnante carrière qui se déroule pour lui sous nos yeux.

Voici la liste des crédits de Luke Leveille :

Artiste    Réalisateur
Drake    Noah “40” Shebib
Wiley    Boy1da
Ghostface Killah    Carlos Illangelo
P. Reign    Pro Logic
The Weeknd    Damon Sharpe
Gentlemen Husbands    Gavin Brown
Majid Jordan    Eric Ratz