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Ayant adopté une approche méticuleuse pour réaliser ses vastes ambitions, DJ Teck-Zilla a touché le monde du hip-hop de plus d’une façon. Sur sa dernière chanson Disco Lo, l’ancien élève du RAC s’associe au duo de hip-hop Camp Lo pour produire un banger à la fois rétro et dynamique.

Une pièce d’équipement dont vous ne pouvez pas vous en passer ? Mon interface audio Solid State Logic

Personne matinale ou noctambule ? Matinale, je suis #TeamEarly (#ÉquipeLèveTôt)!

Votre spectacle live préféré ? Shash’u (ancien élève du RAC) sur le beat machine à Underworld

Meilleure façon d’entrer dans la « zone » ? Boire de l’eau, faire des exercices d’abdominaux et je suis prêt à partir  !

Les paroles de chansons qui sont vos préférées ? « I’m a loser baby, so why don’t you kill me? »

Qu’il donne forme à des projets en studio ou qu’il fasse tourner les platines durant la saison des festivals, vous pouvez être sûr que DJ Teck-Zilla apportera la chaleur. Le producteur, DJ et écrivain de Lagos a travaillé sur son art à travers les continents, s’immergeant dans les scènes afrobeats et b-boy, toujours avec sa nature curieuse. Tout au long de son illustre carrière, Teck-Zilla est resté fermement ancré dans sa détermination à exceller dans toutes les disciplines qu’il aborde.

Le projet musical le plus récent de Teck-Zilla

Parmi ses dernières aventures, l’ancien élève de RAC a réalisé un autre de ses rêves : collaborer avec le duo de rap du Bronx Camp Lo. Leur nouvelle chanson Disco Lo combine les compétences de production de Teck-Zilla avec les rimes de Geechi Suede et Sonny Cheeba pour offrir un feeling des années 70 adapté au futur.

Ce créateur prolifique s’est reconnecté avec RAC pour partager son point de vue sur comment rester fidèle à son art et établir une longévité créative. Lisez la suite pour vous inspirer et avoir un avant-goût de ce qui vous attend  !

RAC : Merci de prendre le temps de vous connecter avec nous ! En bref, qui est Teck-Zilla ? Parlez-nous un peu de vos premières années et de vos premiers moments dans la musique.

Teck-Zilla : Teck-Zilla est un producteur, un ingénieur du son, un DJ, un écrivain, un artiste martial et un créatif d’origine nigériane. J’ai passé mes premières années à lire beaucoup de bandes dessinées et à écouter la musique que mes parents diffusaient sur des vinyles et des cassettes. J’ai grandi avec beaucoup de soul, de pop et de soft rock ; je me souviens d’un mélange de Marvin Gaye, Phil Collins, Smokie, T’Pau, Madonna, Michael Jackson, beaucoup de Motown, The Temptations et Fleetwood Mac (entre autres). Enfant, je voulais être illustrateur de bandes dessinées, mais au fil du temps, je me suis davantage tourné vers la musique. Au lycée, je faisais payer mes amis pour mes mixtapes faites maison de chansons populaires, et j’ai amassé une grande collection de musique grâce à mes frères et sœurs plus âgés, ainsi que leurs amis. Ces personnes ont vraiment influencé le type de musique que j’écoutais, puisqu’elles aimaient un mélange de hip-hop, de R&B et de soul – c’est de là que je tiens mon éducation hip-hop. On pouvait passer de Snoop Dogg à EPMD, de Boyz II Men à Tevin Campbell en un clin d’œil. Je ne peux pas vraiment me souvenir de mes premiers moments dans la musique, étant donné que tant d’événements se sont produits qu’il est difficile d’établir une chronologie correcte. Disons simplement que c’était un mélange de chance, de hasard et de destins, et voilà — voici que je me retrouve aujourd’hui.

RAC : Comment la musique que vous écoutez maintenant influence-t-elle votre travail ?

Teck-Zilla : Il y a eu beaucoup d’innovation et d’évolution dans la musique. Malheureusement, j’écoute maintenant la musique plus du point de vue de l’ingénieur du son, parce que j’aime essayer de comprendre comment cette musique particulière a été créée. Je me demande des choses comme « Qu’est-ce que le producteur a fait ? » ou « Pourquoi a-t-il utilisé cet effet ? », tous ces trucs techniques auxquels les amateurs ne prêtent peut-être pas attention. À vrai dire, tout varie de temps en temps, et j’écoute différents genres, donc j’essaie de tirer des éléments de chacun et de les mettre en œuvre dans mon processus créatif. Outre le hip-hop, les afrobeats, la deep house et la soul alternative sont les genres les plus présents dans mes listes de lecture. Des groupes de R&B alternatif et de soul comme SG Lewis, Noah et Joya Mooi ont brisé le moule récemment. J’aime aussi toujours du Planet Giza – ces gars mettent vraiment la barre très haut avec leur style de production sans genre. Pour ce qui est des afrobeats, j’écoute Burna Boy et Tems (pour qui j’ai été le DJ une fois, bien avant qu’elle ne devienne plus populaire).

RAC : Parmi vos nombreuses réussites, vous êtes membre fondateur du collectif de hip-hop nigérian Str8Buttah. Pouvez-vous nous expliquer comment ce groupe a été créé et quelles sont les directions créatives qui vous unissent ? 

Teck-Zilla : Tout a commencé à l’université, lorsqu’un ami que j’ai rencontré alors que j’étudiais pour mes examens de A-level à Cambridge m’a présenté l’un des membres fondateurs, Rae. Il m’a ensuite présenté à certains de ses amis qui avaient les mêmes intérêts musicaux que moi, et on s’est entendu à merveille. Le fait est que nous avons fait tout le travail concernant notre musique en interne : production, enregistrement, mixage, conception graphique et relations publiques. Nous avons simplement tout gardé en interne, même si nous n’avions pas de plan d’affaires solide. Nous étions juste des jeunes qui aimaient faire de la musique et exprimer notre créativité. Rien de plus, rien de moins. Nous avons certainement eu de bons souvenirs ensemble. Aujourd’hui, certains des membres se sont également lancés dans la réalisation de vidéos et les solutions informatiques, entre autres choses.

« Try Angles » de Teck-Zilla

RAC : Un autre aspect unique de votre parcours est que vous êtes aussi un journaliste musical, écrivant pour des publications comme EARMILK et Montrealhiphop.net. Parlez-nous de cet aspect de votre carrière – comment contribue-t-il à votre identité en tant qu’artiste ?

Teck-Zilla : Ça, c’est aussi le fruit du hasard. J’ai commencé mon premier blog alors que j’étais à Londres, au Royaume-Uni, en 2009 environ, et je suppose que certains artistes ont vu les critiques que je faisais et les ont tellement aimées que leur engagement m’a poussé à en écrire davantage. Un jour, Thewordisbond m’ont contacté pour m’offrir un poste de collaborateur régulier, ce qui m’a amené à travailler pour Montrealhiphop.net en tant que critique et correspondant. J’ai eu l’occasion d’assister à des spectacles de haut niveau à Montréal et d’interviewer des artistes locaux. J’ai écrit des articles sur des artistes comme Rakim, Camp Lo, Oddisee, French Montana, Ace Hood et Tech N9ne. Dans l’ensemble, le fait de travailler dans les coulisses en tant que journaliste m’a fait prendre conscience du caractère personnel de l’art et du fait qu’il est toujours subjectif, dépendamment de la perspective unique de chaque spectateur. Quoi qu’il en soit, il ne faut pas être trop sensible aux perceptions des écrivains, parce que l’art sera toujours reçu d’une manière que l’on ne s’attendait pas.

RAC : Quel aspect du paysage musical appréciez-vous le plus ?

Teck-Zilla : J’aimerai toujours plus que tout l’aspect créatif — le point où les choses commencent à se mettre en place dans la tête de quelqu’un. Malheureusement, il semble que ce soit une corvée aujourd’hui, puisque tout le monde ne s’intéresse qu’à la vitalité, et l’idée d’être organique avec son art est un concept en voie de disparition. D’un autre côté, les temps ont changé, et la façon dont la musique est consommée est très différente aujourd’hui. Nous sommes passés des CD physiques aux 1 et 0, ce qui n’est pas une mauvaise chose, mais parfois la vague de musique qui se déverse sur nous peut être un peu trop forte.

RAC : Sur votre dernière chanson, Disco Lo, vous collaborez avec les légendes du hip-hop new-yorkais Camp Lo. Décrivez le processus créatif qui est nécessaire à la réalisation de cette chanson, ainsi que certaines des leçons que vous avez apprises de cette expérience.

Teck-Zilla : Travailler avec Camp Lo est un rêve devenu réalité, et c’était quelque chose que je devais faire avant la fin de ma vie. J’ai toujours été un fan de ce duo depuis que j’ai vu leurs vidéos sur MTV quand j’étais jeune. J’ai eu la chance de les rencontrer deux fois en personne – la première fois lors d’un spectacle à Montréal, et la seconde à Londres, au Royaume-Uni. Je dois dire que l’expérience de collaboration a été assez révélatrice, mais agréable. J’ai appris beaucoup de choses sur les rouages de la distribution, les contrats et le côté commercial de la musique. J’avais déjà le concept de Disco Lo il y a plusieurs années, et je me suis dit que je garderais le rythme juste pour eux. Heureusement, j’ai pu entrer en contact avec Mark DiVita (un collègue DJ et créatif) qui m’a aidé à rendre ce projet possible. Il y a eu beaucoup d’allers-retours, ce qui était prévisible, mais nous avons fini par y arriver !

RAC : Quel est votre objectif en tant que musicien ? Quel genre d’héritage espérez-vous laisser derrière vous ?

Teck-Zilla : Je veux juste que les gens se souviennent de moi parce que j’ai été fidèle à moi-même et à mes principes. Mon héritage devrait être que j’étais l’un des meilleurs et que je suis allé jusqu’au bout.

RAC : Comment vous sortez-vous d’une ornière artistique ? Quels conseils pouvez-vous donner aux autres musiciens pour qu’ils ou elles puissent maintenir une production créative et poursuivre leurs rêves ?

Teck-Zilla : C’est une excellente question. J’ai tendance à écrire mes objectifs, mes idées et mes concepts de temps en temps, de sorte que lorsque j’arrive à un blocage, je fais simplement une pause. Nous nous épuisons tous sans nous en rendre compte, et la meilleure façon de se ressourcer est de déterminer où l’on va, de prendre le temps de laisser le corps se recharger et de se remettre sur la bonne voie. Ce n’est pas aussi facile que ça en a l’air, mais ça marche la plupart du temps. J’aime aussi beaucoup les arts martiaux, c’est donc une autre méthode que j’utilise pour recalibrer mes énergies artistiques. Mon conseil : trouvez ce que vous aimez, découvrez pourquoi vous l’aimez et suivez un plan tout en vous amusant.

Musique de Str8Buttah Productions

RAC : Merci beaucoup d’avoir partagé votre histoire avec nous, Teck-Zilla ! Parlez-nous du reste de l’année 2022 – que vous réserve l’avenir ?

Teck-Zilla : L’année 2022 sera amusante. Je vais être DJ pour plusieurs événements, et beaucoup de musique va sortir aussi. Je diversifie vraiment mon style à présent, alors attendez-vous à différents projets dans les styles d’afropop, de funk et de musique de breakdance, tout en incorporant bien sûr le son du hip-hop classique.

J’aimerais dire que l’avenir est prometteur. Qui sait, il se pourrait que je m’amuse à faire une collaboration avec Drake (j’espère qu’il lit cette entrevue, haha)  !

Texte écrit par Rebecca Judd

Illustration par Yihong Guo