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Avez-vous déjà essayé de regarder un film d’horreur avec le son baissé ? Peu importe les images effrayantes, une grande partie du suspense, de la terreur et du fun est perdue sans les puissants outils et instruments sonores pour lesquels les films d’horreur sont devenus célèbres. Des instruments à cordes et des synthétiseurs stridents bien placés nous font sursauter de peur, des grondements à basse fréquence augmentent la tension et signalent l’approche d’un danger, des mélodies sinistres mais accrocheuses se gravent dans notre tête et nous suivent jusque chez nous. Et parfois, l’outil le plus perturbant de tous est le silence lui-même.

Une musique d’horreur réussie ne fait pas seulement monter notre adrénaline et notre rythme cardiaque, elle crée également une atmosphère subtile de malaise tout au long du film, sur laquelle nous n’arrivons pas à mettre le doigt. Grâce aux dissonances musicales et aux changements soudains de dynamique, le/la spectateur.rice reste sur le bord de son siège, même lorsqu’il y a une pause dans l’action (pour en savoir plus, lisez notre article « Comment créer de l’émotion dans la musique : la terreure » ).

Une liste des 10 meilleures partitions est une tâche difficile pour tout amateur.trice de films d’horreur. Nous avons choisi les musiques qui ont eu un impact sur l’évolution sonore du genre au fil des décennies, en rendant hommage aux classiques, mais aussi aux compositeurs modernes responsables de la bande sonore de nos cauchemars.

Psychose (1960) – Musique de Bernard Herrmann

Vous savez que vous avez créé un chef-d’œuvre sonore lorsque le simple son des cordes évoque à jamais un mouvement de poignardement dans l’esprit des auditeurs. Le cinéaste Alfred Hitchcock était peut-être connu comme le « maître du suspense », mais dans le cas de Psychose, une grande partie de ce suspense s’appuie sur la musique inoubliable de Bernard Herrmann. Plus nuancée que les films d’horreur qui l’ont précédé, la partition est plus sombre que bruyante, démontrant le pouvoir de la dynamique pour évoquer la détresse. Même sans l’avoir vu, tout le monde peut reconnaître ces cordes staccato perçantes (pardonnez le jeu de mots) de la scène emblématique de douche.

Les Dents de la mer (1975) – Musique de John Williams

Deux notes. Il a suffi de deux notes alternées jouées à un demi-ton d’intervalle sur le tuba pour susciter la peur des requins chez toute une génération. Dans Les Dents de la mer de Steven Spielberg, le tempo de cette simple séquence musicale s’accélère en fonction de la proximité du monstre, dénotant le danger et créant une tension angoissante. Le compositeur John Williams a même remporté l’Oscar de la meilleure musique originale.

Suspiria (1977) – Musique de Goblin

Les synthétiseurs ont fait leur entrée dans le monde de l’horreur dans le film Suspiria du maître italien du giallo Dario Argento. Le groupe prog-rock Goblin a expérimenté avec des instruments qui ne sont pas habituellement utilisés dans le genre, comme un Moog Modular System 55, des tablas et des bouzoukis, et a même utilisé des enregistrements de leurs propres voix. Les tournures jazz, infusées de chuchotements, de cris et de chants inintelligibles, culminent dans une bande sonore hypnotique et troublante qui correspond à la terreur néon à l’écran.

Halloween (1978) – Musique de John Carpenter

Présentant l’un des thèmes d’horreur les plus obsédants et reconnaissables, John Carpenter n’a pas seulement écrit et réalisé Halloween, il en a également composé la partition. Au-delà de la mélodie mémorable jouée sur un système modulaire Moog III, le rythme palpitant fait avancer l’action (et ajoute bien à l’ambiance des soirées d’Halloween). Souvent crédité d’avoir donné le coup d’envoi de l’obsession des années 80 pour les musiques d’horreur synthétisées, Carpenter a également inspiré les futures générations de compositeurs, comme nous le verrons plus loin dans cette liste.

Shining (1980) – Musique de Wendy Carlos, Rachel Elkind, Krzysztof Penderecki

Une grande partie de la musique de Shining est recyclée. Le réalisateur Stanley Kubrick a choisi de mélanger des morceaux de concert existants de compositeurs comme Krzysztof Penderecki et Béla Bartók, avec la musique des pionnières du synthétiseur Wendy Carlos et Rachel Elkind. Les cris d’animaux et les hurlements humains inspirent également une peur instinctive au spectateur, ce qui constitue une expérience auditive saisissante qui accompagne les bouleversements psychologiques à l’écran. Parfois surnommée la « mère du Moog », Carlos a également travaillé sur la partition d’Orange mécanique.

Les Griffes de la nuit (1984) – Musique de Charles Bernstein 

Après le succès d’Halloween à la fin des années 70, les années 80 sont peut-être les plus associées aux slashers à base de synthés. Le compositeur Charles Bernstein était un pionnier en la matière, utilisant l’Oberheim OB-SX, une boîte à rythmes Roland et le Juno-106, ainsi que d’autres claviers, pour composer des percussions à forte réverbération et ramener les cordes classiques et troublantes. S’inscrivant dans le paysage onirique de Les Griffes de la nuit, les chansons tordues, semblables à des berceuses, offrent un mélange terrifiant d’innocence et de mal. 

L’Étrange Noel de Monsieur Jack (1993)Musique de Danny Elfman

Même si elle n’est pas la plus effrayante, aucune liste de films d’horreur ne serait complète sans la partition de Danny Elfman. Le film L’Étrange Noel de Monsieur Jack nous a apporté de nombreuses chansons effrayantes (« This is Halloween » est toujours populaire chaque année sur TikTok), et le titre « What’s This? » a été interprété par Elfman lui-même. Tim Burton est connu pour osciller entre la fantaisie et l’horreur, et ce qui manque au film en matière de frayeurs, il le compense par une bande sonore inoubliable et amusante pour toute la famille. Elfman a également collaboré avec Burton pour les partitions du film fantastique Edward aux mains d’argent et du hilarant et sombre Beetlejuice.

Scream (1996) – Musique de Marco Beltrami

Bien que Ghostface n’ait jamais eu un thème aussi mémorable que les monstres de Les Dents de la mer ou d’Halloween, la partition originale de Scream est profondément sous-estimée. La franchise de films d’horreur de Wes Craven était fraîche et ludique, plus consciente et moins prétentieuse que les films de genre précédents. Les « stingers » – un outil d’horreur populaire qui utilise des coups sonores rapides et forts pour accompagner une image épeurante soudaine dans le seul but de faire sursauter les spectateurs – sont parfaitement synchronisés avec l’action rapide et parfois humoristique.

Comme c’est souvent le cas dans le domaine de l’horreur, le budget limité a permis d’obtenir un son caractéristique dans Scream. Comme la production n’a pu obtenir que quelques séances avec un orchestre, le compositeur Marco Beltrami dit avoir créé un « son chuchoté pour accompagner les cordes » en demandant à tout le monde, y compris Wes Craven, de siffler. Le groupe de sons dissonants a été utilisé dans plusieurs des films.

Insidious (2010) – Musique par Joseph Bishara

Souvent négligé dans les listes des meilleures musiques d’horreur, Insidious s’inspire de ses ancêtres cinématographiques. Dès le début, il nous frappe avec un stinger associé à des cordes hurlantes des plus angoissantes dès l’apparition de la carte titre. Il réutilise une chanson enfantine, Tiptoe through the Tulips de Tiny Tim, qui semble ironiquement joyeuse et dérangeante combinée à l’imagerie effroyable. Joseph Bishara utilise également des effets de basse fréquence (LFE) pour peindre une atmosphère constante et menaçante. Fait amusant : le compositeur joue également le rôle de l’antagoniste démoniaque au visage rouge.

It Follows (2015) – Musique par Disasterpeace

Pour It Follows, Richard Vreeland, plus connu sous le nom de Disasterpeace, a composé ce que beaucoup considèrent comme la meilleure musique d’horreur du 21e siècle. Hommage évident aux synthés emblématiques des slashers du passé (Vreeland cite John Carpenter et Krzysztof Penderecki comme références musicales), les riches paysages sonores nostalgiques juxtaposés aux coups brusques électroniques évoquent une profonde nostalgie, tout en étant réfléchis et nouveaux. Beaucoup s’y sont essayés, mais Disasterpeace a réussi à créer une musique d’horreur mémorable qui vous suit vraiment jusqu’à chez vous, à une époque où le genre peut s’appuyer sur des tropes usées et paresseuses. Il a récemment signé la musique de la comédie d’horreur Bodies Bodies Bodies de 2022 et nous avons hâte d’entendre ce qu’il fera par la suite. 

Notre série de top 10 sur le thème de l’horreur se poursuivra tout au long du mois d’octobre. Jetez un coup d’œil à notre article sur « Les 10 meilleurs clips vidéo sur le thème de l’horreur » et soyez à l’affût des nouveautés cette saison effrayante !

Texte écrit par Maryse Bernard

Illustration par Yihong Guo