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Chanteuse, productrice, multi-instrumentiste et DJ, Janette King peut tout faire. Elle a fait des tournées à travers l’Amérique du Nord, a fait la première partie d’artistes renommées comme Cupcakke, Jamila Woods et Sudan Archives, et a participé à de nombreux festivals aux États-Unis et au Royaume-Uni. En 2021, elle a sorti son premier album sur Hot Tramp Records, qui a été salué par le public et les médias.

Forte de ses 12 années d’expérience dans la composition, la production et l’enregistrement de la musique, Janette a pris le temps de partager ses connaissances sur l’écriture de chansons, l’équipement de studio et la poursuite de ses rêves. Dans une industrie parfois impitoyable, elle espère inspirer les jeunes artistes à connaître leur valeur et de ne jamais se compromettre. 

RAC : Comment avez-vous commencé à poursuivre une carrière en musique ?

Janette : J’ai commencé à écrire des poèmes à 11 ans, sans trop savoir ce que je faisais. Au secondaire, le frère d’un de mes amis jouait dans un groupe appelé The Boom Booms et ils cherchaient une chanteuse de fond. C’était mon entrée dans l’industrie musicale. J’ai rejoint leur groupe et nous sommes partis en tournée l’année où j’ai obtenu mon diplôme. J’ai continué à écrire de la musique, puis ensuite j’ai créé mes propres groupes. 

RAC : Qu’est-ce qui vous a poussé à apprendre la production en plus d’être chanteuse et musicienne ?

Janette : J’ai regardé une vidéo… je crois que c’était Kanye West qui montrait comment il faisait de la musique sur une MPC. Je me suis dit : « Je peux faire ça ! ». J’aime vraiment jouer des instruments et je voulais être autonome en faisant tout moi-même.

RAC : Comment avez-vous appris cette compétence ?

Janette : J’ai surtout appris en autodidacte avec des tutoriels sur YouTube. Je n’avais pas vraiment d’amis en production musicale à l’époque, alors je me suis beaucoup appuyée sur l’Internet. J’ai commencé par écouter de la musique et par essayer de trouver la meilleure façon de reproduire une chanson. Je tapais des questions telles que : « Comment créer une grosse ligne de basse ? » ou « Comment fabriquer un kit de batterie au son 404 ? ».

Je suis aussi allée à une école de jazz et je me suis spécialisée en composition. Un des cours offert était sur le matériel de studio. Je m’épanouis dans les situations où j’ai un professeur et je peux lui poser des questions. Je voulais leur siphonner le plus de connaissances possible, ce qui m’a aidé à long terme. On a tellement à apprendre ! L’école, c’est super parce qu’on plonge dans tous les domaines.

RAC : Avez-vous de bonnes ressources à partager avec quelqu’un qui débute sa carrière ?

Janette : Votre meilleur ami est YouTube. Peu importe qui vous écoutez ou quel genre de musique vous faites, vous apprendrez beaucoup en faisant des recherches et en trouvant des guides étape par étape. Le plus important, c’est la constance et la patience. 

S’il y avait une chose que je pourrais conseiller à ma jeune moi, ce serait de ne pas prendre de pauses prolongées. Soyez constant et vous vous améliorerez rapidement.

RAC : Quelle est la leçon la plus précieuse que vous ayez apprise en studio ?

Janette : Vous n’avez pas besoin d’un clavier à 3000 $. Vous pouvez faire énormément de choses avec ce que vous avez. La plus grande leçon que j’ai apprise est de maîtriser l’équipement que j’avais déjà avant d’en ajouter plus. Vous seriez surpris si vous écoutiez J Dilla; il faisait toute sa musique sur des vieilles machines dont les gens se moqueraient peut-être aujourd’hui. Ce qui compte vraiment, c’est ce que vous avez dans l’âme et comment vous l’exprimez, peu importe avec quoi vous le faites.

RAC : Quel est l’équipement de base que vous recommanderiez à quelqu’un qui se lance dans la production ?

Janette : Assurez-vous que votre ordinateur est assez puissant. Les gens essaient de se débrouiller avec un PC de mauvaise qualité, mais s’il y a une chose coûteuse que je recommande à tout le monde, c’est un ordinateur puissant. Ensuite, vous pouvez vous procurer n’importe quel clavier MIDI. Si vous avez ces deux choses-là, vous êtes sur la bonne voie. 

RAC : Quel est votre logiciel DAW préféré et pourquoi ? 

Janette : Le seul DAW que j’ai jamais utilisé est Logic. Je l’adore parce que je suis une personne qui pense de façon linéaire. J’aime créer les choses comme je les entends dans ma tête, en avançant dans le temps. Mais ce n’est pas la façon dont tout le monde travaille; certaines personnes aiment improviser et expérimenter au fur et à mesure. Je sais qu’Ableton est cool parce que vous avez une multitude de façons différentes d’être créatif, alors que Logic est vraiment linéaire – vous créez votre musique du début jusqu’à la fin. Je travaille bien comme ça, donc je pense que c’est la raison pour laquelle je suis restée avec Logic depuis si longtemps. De plus, c’est un logiciel abordable !

RAC : D’après vous, quel est le DAW le plus facile à utiliser ?

Janette : Entre Ableton et Logic, je dirais que Logic est plus convivial. Tout est codé en couleur et est très attrayant visuellement. Ils ont consacré du temps et des efforts à l’apparence du logiciel. Ableton n’est pas ornementé, il est plus utilitaire et ressemble à un document WordPress. Mais j’ai entendu dire que la création musicale sur Ableton est plus fluide. Cela dépend des styles d’apprentissage et de travail.

RAC : Avez-vous un micro préféré à prix abordable ?

Janette : Je dirais le micro condensateur à tube multipattern Apex 460. Il coûte environ 300 $ et vient avec un tube interne, un étui et un support de micro. Il a un son très riche et agréable. Il n’est pas sec, donc vous n’obtiendrez pas un son très propre – il embellira le son pour qu’il soit un peu plus chaleureux, ce qui est idéal pour les chansons R&B. Mais ce n’est peut-être pas le bon micro si vous essayez d’enregistrer du métal ou un genre où vous voulez que votre voix ait un son plus cru. 

RAC : Quels sont les trucs que vous utilisez pour écrire des chansons lorsque vous vous sentez bloquée ?

Janette : Si je me sens bloquée, je trouve une chanson qui m’inspire, puis je commence à choisir un petit élément que j’aime et j’essaie de le recréer. En général, à ce moment-là, quelque chose déclenche une nouvelle idée en moi et je pars sur ma propre voie. Par exemple, c’est bien de commencer par trouver un motif de grosse caisse que vous aimez, d’essayer de le recréer et de voir ce qui déclenche le moteur créatif.

RAC : Comment préparez-vous votre studio maison pour en faire le meilleur environnement pour l’enregistrement ?

Janette : Pour moi, l’ambiance est très importante. J’essaie d’aménager mon studio pour qu’il soit facile d’accéder à mes instruments. Je n’ai pas besoin de sortir le clavier, ni la guitare de son étui, tout est là, prêt à être utilisé. J’installe mon bureau de manière à ce que les haut-parleurs soient à la hauteur des oreilles et le moniteur à la hauteur des yeux. Si une étincelle créative se produit, je peux simplement m’asseoir à mon bureau et me lancer.

RAC : Quelle est la technique de production de base qui mérite d’être partagée ?

Janette : Faites de la place pour chaque instrument que vous ajoutez. Si vous utilisez une grosse caisse avec beaucoup de basses, vous n’avez pas besoin des hautes fréquences, alors débarrassez-vous-en. C’est très subtil, mais cela fait toute la différence. En éliminant les fréquences qui n’ont pas leur place, vous libérerez beaucoup d’espace dans le mix et votre chanson sera encore meilleure.

—Dernières notes—

​​Janette encourage les artistes émergents à continuer d’essayer, même lorsqu’ils font face au rejet et aux nombreux « non » de l’industrie musicale. « Il se peut que vous ne soyez pas acceptés dans certains festivals ou dans tous les ateliers d’écriture de chansons au début, mais si vous essayez constamment, vous y arriverez », dit-elle. Il lui a fallu être rejetée plusieurs fois avant de commencer à obtenir de gros contrats et de partir en tournées internationales. Son attitude positive, sa foi en sa musique et son travail assidu sont les éléments qui ont fait avancer la carrière de Janette.

Text écrit par Maryse Bernard

Illustration par Yihong Guo