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Depuis son plus jeune âge, Franco Caruso a manifesté un vif intérêt pour la musique et la technologie. Pour cette raison, ses parents l’ont inscrit à des cours de piano et l’ont affectueusement surnommé « Fingers » en raison de son envie constante d’appuyer sur des boutons. En grandissant, sa curiosité pour la technologie audiovisuelle n’a fait qu’augmenter. À 16 ans à peine, il manifestait déjà son instinct entrepreneurial en installant des systèmes audios pour les voitures dans le garage de ses parents. 

Avec ce revenu, Franco a commencé à monter sa première table de DJ à partir d’aubaines trouvées sur Kijiji. Il s’est ensuite tourné vers YouTube pour apprendre les bases du DJing et de la technologie audiovisuelle, ce qui a marqué le début de sa quête pour transformer ce qui était jusque-là une passion et un passe-temps en une véritable source de revenu.

Franco a pris le temps de discuter avec RAC de la façon dont il est passé du statut de jeune DJ futé à propriétaire d’une florissante entreprise audiovisuelle qui a servi de grandes sociétés comme BMO et Provigo. Il nous dévoile ainsi de quelle manière cela complémente son rôle de chef de marque chez SFM, une entreprise de distribution audiovisuelle professionnelle.

RAC : Ce qui était auparavant une passion s’est transformée en une activité secondaire. Quand avez-vous réalisé que vous vouliez sérieusement poursuivre une carrière dans le monde de l’audio ?

Franco : Quand j’ai fait mon premier concert rémunéré et que j’étais plus excité par le concert que par le salaire, c’est là que j’ai su que j’avais trouvé « mon » industrie. Je suis vraiment reconnaissant de pouvoir me lever tous les matins et de faire ce que j’aime, à la fois avec mon entreprise Caruso Entertainment et dans mon poste actuel chez SFM, l’un des principaux distributeurs audiovisuel pro au Canada.

RAC : Quel âge aviez-vous lors de votre premier concert rémunéré et comment cette opportunité s’est-elle présentée ?

Franco : J’avais 16 ans. J’avais conçu et imprimé mes propres cartes d’affaires et je les distribuais dans la cafétéria de mon école secondaire à l’heure du dîner; ce qui m’a valu quelques contrats pour des fêtes « sweet 16 » !

RAC : Vous avez ensuite lancé une entreprise de divertissement audiovisuel pour des événements. Qu’est-ce qui vous a amené à choisir cette niche ?

Franco : Mes parents se sont toujours méfiés du fait que je sois DJ dans les clubs et que je fasse partie de cette sphère… Donc, pour les rendre heureux et avoir leur permission d’utiliser la camionnette familiale pour transporter mon équipement, je me suis concentré sur les événements privés et corporatifs. J’étais loin de me douter que le choix qui plaisait à mes parents finirait par être celui qui m’apporterait le plus de croissance et de rentabilité.

RAC : Vous étiez un DJ autodidacte mais vous avez aussi un diplôme en commerce. Dans quelle mesure votre formation en marketing a-t-elle été utile pour créer votre propre entreprise ?

Franco : Elle a été extrêmement utile. Je peux dire sans hésiter que mon diplôme universitaire en marketing a aidé mon entreprise à évoluer et à être ce qu’elle est aujourd’hui. Je dois aussi mentionner que l’inverse est également valable: c’est-à-dire que mon entreprise a été utile à ma formation. J’ai pu appliquer des expériences entrepreneuriales vécues à la matière que j’étudiais, ce qui m’a permis de mieux comprendre les théories et les stratégies de marketing enseignées. Je ne mémorisais pas l’information comme la plupart des étudiants ; j’associais ce que j’apprenais en classe à des situations réelles.

RAC : Quel a été le plus grand défi que vous avez dû relever lorsque vous avez lancé votre entreprise ?

Franco : Mon âge. J’étais extrêmement jeune et je soumissionnais des contrats pour des événements face à d’autres entreprises de divertissement qui avaient de nombreuses années d’expérience. À 18 ans, je devais convaincre des couples et des entreprises de me faire confiance pour leurs mariages ou leurs événements. J’ai vite appris que mon âge n’avait plus d’importance lorsque les gens voyaient ma passion puisqu’ils savaient alors que j’allais me surpasser pour répondre à leurs attentes.

RAC : Comment votre entreprise se distingue-t-elle des autres ?

Franco : Contrairement à de nombreuses autres entreprises de divertissement qui prennent en charge de nombreux types d’événements, nous avons décidé de nous spécialiser uniquement sur les mariages et les événements d’entreprises. Nous ne misons pas non plus sur le volume (plusieurs événements par jour et plusieurs équipes travaillant en même temps) mais plutôt: un jour, un événement. Ainsi, nous avons la possibilité de donner une attention particulière à tous les détails et besoins de notre client, et ce, personnellement.

De plus, je suis l’un des plus jeunes DJ/MC trilingues (anglais, français et italien) spécialisés dans les mariages et événements corporatifs de la ville.

RAC : Quelles sont les choses que vous avez faites qui, selon vous, ont contribué à la croissance de votre entreprise ?

Franco : Les témoignages sont le meilleur type de marketing. Je me suis fait un devoir de recueillir les témoignages de tous mes clients après chaque événement et j’ai utilisé les médias sociaux pour partager leurs expériences. C’est ce qui a généré le plus de prospects et de références. Le bouche-à-oreille est l’outil le plus puissant: assurez-vous que ce que les gens ont à dire sur vous soit généralement positif.

RAC : Durant votre parcours, quelles sont les leçons les plus importantes que vous ayez apprises ?

Franco :

-À chaque défi, sa solution

-Ne promettez pas trop, mais livrez TOUJOURS plus.

– Il est primordial d’avoir un partenaire d’affaires qui complète vos compétences et qui est capable de garder un œil sur vous. Sans mon partenaire commercial (Claudio Pantoni), je ne serais pas là où je suis aujourd’hui.

RAC : Quelle est l’importance de connaître les gens dans l’industrie de l’événementiel ?

Franco : Très important ! C’est une petite industrie et tout le monde se connaît. À Montréal, il y a beaucoup d’événements, d’où l’importance d’avoir les références, des lieux et des fournisseurs du milieu (photographes, planificateurs d’événements, fleuristes, etc.) pour réussir. Plus vous connaissez de gens, plus vous avez de cartes en mains!

RAC : Des conseils sur la façon de construire un réseau ?

Franco : La première impression et la réputation sont extrêmement importantes. Laissez votre travail parler de lui-même et les autres vous remarqueront. On vous sollicitera de façon organique. Restez humble, soyez gentil et toujours disposé à donner un coup de main (même à la concurrence).

RAC : Vous avez également un emploi à temps plein en tant que Brand Manager chez SFM. Comment avez-vous obtenu ce poste ?

Franco : SFM est l’un des principaux distributeurs de produits audiovisuels professionnels au Canada. Ils sont aussi un centre de réparation autorisé pour plusieurs des marques qu’ils distribuent. Ceci dit, c’est là que j’apportais mon matériel de DJ pour le faire réparer. Un jour, j’ai demandé s’il y avait des postes vacants et j’ai appliqué.

RAC : Pouvez-vous nous donner un bref aperçu de votre travail chez SFM ?

Franco : Du lancement de nouvelles marques jusqu’au développement et à la réinvention de marques déjà bien établies, je travaille en étroite collaboration avec le département de marketing pour créer des campagnes et des stratégies de marketing qui solidifient la position de chaque marque sur le marché canadien. Je travaille également en étroite collaboration avec l’équipe de vente de chaque province pour assurer la croissance de la marque. Des stratégies de tarification à l’analyse des stocks: ma journée de travail typique change tous les jours. Certaines journées sont remplies de calculs tandis que d’autres sont très axées vente et marketing.

RAC : Comment ce travail complémente-t-il votre rôle de propriétaire de Caruso Entertainment ?

Franco : Chez SFM, nous nous adressons à des entreprises qui ont le profil exact de Caruso Entertainment. Je comprends alors la perspective et la psychologie du client car j’en suis un! Comprendre son client est la chose la plus importante dans la vente et, grâce à mon expérience personnelle, je sais exactement comment plaire à mon marché. J’aime dire aux gens que ces deux emplois vont parfaitement ensemble car, pendant la semaine, je fais la gestion des jouets de l’entreprise et le week-end je joue avec eux !

Aussi, mon réseau s’est agrandit puisque je travaille avec des clients dans tout le Canada.

RAC : Y a-t-il des défis à relever en travaillant à la fois comme employé d’une entreprise et comme propriétaire d’une entreprise ? Comment faites-vous pour équilibrer les deux ?

Franco : Le plus grand défi est le temps. La discipline est très importante et, dans ma semaine, j’ai du temps dédié à chacun de mes deux emplois. Du lundi au vendredi, je me consacre à SFM et les soirs de semaine et week-ends sont voués à Caruso Entertainment. Ainsi, je travaille souvent 6 à 7 jours par semaine.

Quelque part entre les deux, je trouve du temps pour ma vie privée ! J’ai la chance d’avoir une femme qui me soutient beaucoup et qui comprend ma passion et mon amour pour l’industrie.

RAC : La pandémie a causé un grand bouleversement dans le monde de l’audiovisuel et de l’événementiel en direct. Comment vous êtes-vous adapté ?

Franco : SFM : La tendance des ventes a changé drastiquement. L’audio en direct / l’éclairage a diminué de manière significative tandis que la diffusion (en raison des événements virtuels) et la vente d’instruments de musique ont augmenté. Coincé à la maison, tout le monde s’adonnait à de nouveaux passe-temps, incluant le DJing !

Caruso Entertainment : Nos événements ont été annulés pendant deux années consécutives. Certains de nos clients voulaient absolument se marier alors il a fallu nous adapter aux circonstances en proposant des services de livestreaming. Les clients ont pu se marier sans que les invités soient physiquement présents et nous avons pu diffuser la cérémonie en direct aux centaines de personnes que constituaient les membres de la famille et les amis.

RAC : Pensez-vous que le livestreaming est le nouveau « événement en direct » ?

Franco : Rien ne remplacera jamais la sensation d’un événement vécu en personne. La basse qui résonne dans votre poitrine, le spectacle de lumières fascinant … Vous ne pouvez tout simplement pas recréer cela virtuellement. Donc non, probablement pas entièrement.

-Notes finales

Comme Franco Caruso le démontre clairement, le secteur de l’audiovisuel offre de nombreuses possibilités de carrière, que ce soit en tant que DJ événementiel, propriétaire d’une entreprise de divertissement, employé d’une société etc. Et comme vous pouvez le voir, elles ne s’excluent pas forcément les unes les autres !

Lorsqu’on lui demande le dernier conseil qu’il aimerait partager avec nous, Franco répond : « Ne cessez jamais d’apprendre et restez toujours curieux. La technologie est à l’avant-garde dans cette industrie et nous savons tous à quelle vitesse elle évolue. Rester au courant et faire preuve d’adaptabilité vous permet de rester compétitif. »

Texte écrit par Andria Piperni

Texte traduit par Caroline Boivin

lllustration par Yihong Guo