Devon Cole à maîtriser l’art des vidéos virales. Sa réécriture de la chanson controversée « Blurred Lines » de Robin Thicke (qu’elle a transformée en un hymne féministe sur le consentement) compte actuellement 5,7 millions de vues sur TikTok et 3,4 millions de vues sur Instagram Reels – et ce n’est pas son premier rodéo. Devon a atteint le million de vues sur environ 7 vidéos sur différentes plateformes et la plupart de ses autres vidéos atteignent plusieurs milliers de vues. Alors, quel est son secret ? Devon a parlé avec RAC de comment elle s’inspire pour créer, quel équipement elle utilise et ses trucs et astuces pour créer du contenu viral.
RAC : Parlez-nous un peu de votre parcours et de ce qui vous a poussé à faire carrière dans la musique !
Devon : Je suis une auteure-compositrice-interprète originaire de Calgary. J’ai obtenu mon diplôme universitaire en 2020, avec un diplôme en psychologie. J’ai décidé d’essayer de sortir une chanson, et je n’aurais jamais imaginé que j’en ferais une carrière, honnêtement. J’ai toujours aimé la musique, écrire des chansons et me produire sur scène, mais cela me semblait être une idée farfelue. En fait, j’avais prévu d’aller à l’école de rédaction à Toronto, mais ma première chanson a commencé à faire son chemin et j’ai décidé de me consacrer à la musique à temps plein et de la prendre plus au sérieux.
RAC : Avez-vous étudié quelque part ? Où êtes-vous autodidacte ?
Devon : J’ai participé à quelques camps musicaux quand j’étais adolescente, et j’ai pris des cours de chant avant le secondaire, mais j’ai fait une pause entre le secondaire et 2020. J’ai appris toute seule à jouer de la guitare (et ça se voit).
RAC : Vous avez un son super unique qui semble vraiment authentique et fidèle à qui vous êtes en tant que personne. Comment décririez-vous votre musique à quelqu’un qui ne l’aurait jamais entendue, et quels sont les artistes/arts/choses qui ont eu une influence majeure sur le développement de votre esthétique sonore ?
Devon : Aww, c’est un si beau compliment. Merci beaucoup. Je décrirais mon son comme de la pop indie avec un peu de flair country, puisque je suis une cowgirl dans l’âme (yeehaw). J’adore les bonnes chansons pop, mais j’aime aussi le R&B, le disco et la musique country. Je suis très influencée par LÉON, Maggie Rogers, Dua Lipa, Kacey Musgraves, Anne-Marie, Julia Michaels… C’est ma gang de filles.
RAC : Vous êtes vraiment douée pour l’internet. Votre passion pour le montage vidéo et les performances en ligne est-elle venue avant ou après la musique ?
Devon : Oh mon Dieu, c’est tellement drôle. Merci beaucoup, c’est vraiment gentil. J’ai commencé à faire des TikToks et à réaliser des petites vidéos après avoir sorti ma première chanson. C’est vraiment quelque chose que j’ai dû travailler. Il m’a fallu quelques mois de publications pour comprendre quel type de contenu fonctionne. Lorsque j’ai découvert que le fait d’écrire un couplet sur la chanson d’un artiste populaire semblait donner de bons résultats, je l’ai exploité. Mais c’est quelque chose que j’ai dû apprendre, par un processus d’essais et d’erreurs.
RAC : On ADORE votre reprise de « Blurred Lines ». Qu’est-ce qui vous a inspirée pour créer cette vidéo devenue virale, et pouvez-vous nous parler un peu du processus ?
Devon : Je vous remercie infiniment. J’écoutais mon podcast préféré Renegade et les animateurs discutaient de l’atrocité de « Blurred Lines ». Comme je m’étais déjà lancée dans la réécriture de chansons populaires, j’ai compris que « Blurred Lines » était une chanson qui valait la peine d’être corrigée. Je suis heureuse que la culture évolue vers une vision du consentement sexuel comme un droit humain fondamental. Il est évident que nous avons encore beaucoup de chemin à parcourir, mais le fait que cette réécriture ait trouvé un écho auprès de tant de personnes est, je pense, une indication que le vent du changement souffle.
RAC : Vous avez déjà eu quelques vidéos virales. Faites-vous quelque chose lorsqu’une vidéo devient virale pour profiter au maximum de l’occasion ?
Devon : Non, pas vraiment. Je passe toujours à la chose suivante. Parfois, je fais une deuxième partie. On ne sait jamais ce qui va décoller, et c’est aussi différent pour chaque créateur. Il s’agit surtout d’essayer quelques trucs, de voir ce qui marche et de s’en inspirer pour les prochaines vidéos.
RAC : Quel matériel utilisez-vous pour enregistrer votre musique, vos Reels et vos TikToks, et recommanderiez-vous ce matériel à un étudiant souhaitant créer du contenu musical comme le vôtre ?
Devon : Tous les jours, j’utilise mon interface audio Focursite Scarlette Solo, mon casque DT 770 Pro et mon micro Shure PGA48. J’ai enregistré mon EP dans mon placard avec un plus beau micro Shure SM7B (le meilleur micro pour débutants). J’enregistre avec Logic. Je recommande vivement de commencer avec une interface audio et de télécharger un programme comme Logic (GarageBand est une bonne option aussi). L’équipement est souvent cher, je recommande donc de louer un micro chez Long & McQuade avant de l’acheter, juste pour être sûr que vous aimez le son qu’il capture (chaque micro est un peu différent).
RAC : Vous avez également connu un certain succès avec le contenu de vos Reels. Trouvez-vous que les vidéos qui sont populaires sur TikTok ont également du succès sur Instagram ? Ou bien ces publics sont-ils différents, et pouvez-vous prévoir ce qui fonctionnera bien sur l’une ou l’autre plateforme ? Autrement dit, avez-vous une stratégie ou improvisez-vous comme tout le monde ?
Devon : ON IMPROVISE TOUS CES JOURS-CI, SOEURETTE. Mais pour répondre à votre question, le contenu qui est bien reçu sur TikTok fonctionne généralement bien sur Reels. Je poste plus fréquemment sur TikTok et je m’en sers comme d’une caisse de résonance pour savoir ce qui est bon, puis je réutilise cette vidéo pour mes Reels. TikTok est aussi une plateforme qui favorise la quantité ; plus vous publiez, plus vous avez de chances de devenir viral. Mais cela ne devrait pas être l’objectif, vous comprenez ? Publiez des choses parce qu’elles vous rendent heureux(se).
RAC : Quel type de contenu a tendance à être le plus performant pour vous (par exemple, les publications liées à la musique, à la personnalité, aux duos, etc.) Pourquoi, à votre avis ?
Devon : Les duos sont toujours géniaux, et c’est une façon merveilleuse de s’engager avec d’autres créateurs, mais je dirais que la série « write-a-verse » (écrire-un-couplet) est ce qui marche le mieux pour moi. À tous ceux qui lisent ceci et qui cherchent à percer sur TikTok, je recommande d’essayer ça ! Trouvez une version karaoké d’une chanson populaire sur YouTube, ainsi que la chanson originale, convertissez ces deux vidéos en MP3, puis importez-les dans Logic/GarageBand et alignez-les de sorte que la version karaoké remplace le deuxième couplet de la chanson originale. Ensuite, amusez-vous à inventer vos propres paroles !
RAC : Vous semblez avoir une esthétique visuelle/identité de marque assez forte, notamment sur Instagram. Quel rôle cela joue-t-il dans votre processus de création ? Avez-vous des conseils pour les nouveaux créateurs sur la façon de construire une identité forte ?
Devon : L’esthétique est importante pour moi, et cela entre définitivement en jeu lors de la planification des illustrations d’album, etc. Je recommande de créer un compte Pinterest. Pinterest est une source d’inspiration extraordinaire pour les vêtements, le maquillage, les idées de séances photos, les idées de montage… Je pourrais y passer des heures. C’est comme TikTok ou Instagram : ça apprend à connaître vos goûts/esthétiques, donc plus vous l’utilisez, plus votre flux s’affine. Je m’en servirais donc pour découvrir le genre de choses (esthétique, typographie, mode, etc.) qui vous attirent !
RAC : Quelle est l’importance de vos plateformes en ligne pour la promotion de votre nouvelle musique, comme votre premier EP à venir ? Quel type d’équipe avez-vous mis en place pour vos sorties ? Avez-vous des conseils à donner aux autres artistes émergents ?
Devon : Les réseaux sociaux sont évidemment importants, mais la musique passe avant tout ! J’ai un gérant et un super producteur qui m’aident beaucoup. Mais vous n’avez certainement pas besoin d’une équipe pour commencer. Faire de la musique est parfois difficile pour moi qui souffre d’anxiété, mais j’aime me rappeler que « ce n’est que de la musique. C’est censé être amusant. » J’oublie ça parfois.
RAC : Quel est le grand objectif pour vous ? Dans votre monde de rêve, qu’est-ce qui vient après ?
Devon : J’espère continuer à écrire, à changer, à affiner ma marque et mon son, à développer mon public. J’ai l’intention de rester indépendante aussi longtemps que possible, jusqu’à ce que je ne puisse plus me développer toute seule, mais je suis impatiente de commencer à jouer en direct en 2022. Dans un monde de rêve, j’aimerais avoir une place en première partie d’une tournée à l’automne.
RAC : Y a-t-il quelque chose d’excitant que vous pouvez révéler à l’horizon ? Que pouvons-nous attendre de Devon Cole en 2022 ?
Devon : Je vais jouer mon premier spectacle en tête d’affiche au El Mocambo à Toronto au printemps ! J’ai tellement hâte de serrer tout le monde et de se saouler ensemble.
—Dernières notes—
Offrant quelques conseils aux créateurs émergents, Devon les encourage à se rappeler que, bien que les outils de médias sociaux soient importants pour la promotion, c’est la musique qui doit toujours passer en premier. Il est aussi important de se souvenir de son essence en tant qu’artiste ; s’appuyer sur le son que l’on veut créer est le meilleur moyen de réussir et de se représenter de manière authentique.
Comme dernier conseil, Devon suggère d’essayer de terminer les chansons originales dans leur intégralité – paroles et arrangements – dans les deux jours qui suivent la première approche d’une idée. « Je crois qu’Ed Sheeran a dit que s’il ne termine pas une démo en une seule séance, la chanson reste généralement inachevée, ajoute-t-elle. Essayez de l’étoffer autant que vous le pouvez ! » On ne sait jamais quels joyaux cachés peuvent sortir en poussant et en testant ses limites créatives !
Texte écrit par Maya Malkin
Illustration par Yihong Guo