Ayant tombé dans le domaine du travail audio plutôt par inadvertance, Jared Hillel considère maintenant la radio comme sa carrière et sa passion à temps plein. Ce qui a commencé comme un coup de tête – et un désir de se faire payer pour bavarder – l’a mené à une position sur le programme de Radio-Canada Ontario Morning basée à Toronto, comme réalisateur associé, technicien, météorologue, auteur d’une chronique musicale hebdomadaire et de plusieurs émissions de radio.
Il s’est assis avec RAC pour parler radio – de ses parties préférées du travail aux choses qu’il aurait aimé savoir en débutant. Nous nous sommes connectés via Zoom alors qu’il nous rejoignait du studio de Toronto entre des émissions.
Merci d’avoir pris le temps, M. Hillel!
« Merci à vous de me recevoir. »
Pouvez-vous nous dire un peu à propos de votre background, et où vous avez commencé avant de travailler pour CBC/Radio-Canada?
« J’ai commencé à faire de la radio pendant mon semestre à l’étranger à Rome, et j’ai trouvé que c’était quelque chose que j’aimais sincèrement. Alors, plus tard, quand j’ai fini l’université en 2019 et que je cherchais du travail, j’ai été embauché comme directeur de programme pour une petite station de radio dans une zone rurale au Cap Breton. Puisque c’était une opération à petite échelle, ça voulait dire que je pouvais tout faire; j’ai produit ma propre émission de radio, j’ai aidé à en produire d’autres, j’étais technicien, et j’ai aussi animé ma propre émission. » Ses yeux deviennent vitreux alors qu’il ajoute, « C’était une ville de 3000 habitants et j’y vivais difficilement – j’étais très seul. Mais, » une légèreté revient dans son regard, « j’ai vraiment adoré travailler à la radio. J’ai réalisé que c’était ce que je voulais faire à plus long terme. J’ai commencé à postuler pour des emplois et j’ai été embauché comme technicien par une émission de Radio-Canada à Windsor, en Ontario. Ça, c’était en 2020, et j’ai occupé divers rôles pour CBC/Radio-Canada depuis. »
À quoi ressemble votre quotidien?
« Je me lève vers quatre heures du matin et je vais directement au bureau. Les deux premières heures, je mets la touche finale et je me prépare pour la diffusion : il faut que j’obtienne la programmation, prépare tous les scripts, mette les chansons en ordre et teste l’équipement pour m’assurer que tout fonctionne bien. A 6 heures du matin, l’émission commence. Je fais la météo et occasionnellement des reportages de radio en direct. Une partie essentielle de la journée, pour moi, est la plaisanterie avec l’animateur. Pendant la diffusion de l’émission, je fais fonctionner la console de mixage, je joue tous les clips, toutes les chansons, je connecte les invité.e.s et j’ajuste les niveaux sonores. Essentiellement, je suis en charge de toute la production technique. Après l’émission, mon travail est divisé en deux. Soit j’aide avec les pré-enregistrements, soit je travaille sur des morceaux radio pour le lendemain. »
Quel conseil de carrière donneriez-vous à une personne intéressée à faire ce que vous faites?
« Dites oui à n’importe quelles opportunités qui vous sont offertes, même si ça veut dire aller travailler en Nouvelle-Écosse. » (RAC tient à souligner qu’il s’agit d’un reproche personnel de M. Hillel et n’est pas représentatif de nos sentiments envers la province de la Nouvelle-Écosse.)
« Vous devez être prêt.e et ouvert.e à déménager – vous ne pouvez pas vous attendre à travailler à Toronto ou à Montréal pour commencer. Ensuite, je dirais, apprenez autant de compétences que possible. Que vous soyez un.e bon.ne technicien.ne du son, un.e bon.ne écrivain.ne ou que vous ayez une bonne présence à l’antenne, tout cela peut être bénéfique pour vraiment mettre le pied dans la porte. Et aussi, je dirais que vous devez être prêt.e.s à travailler des heures impaires parce que la réalité de la plupart des émissions de radio est qu’elles ne sont pas votre journée de travail typique de 9-5. »
Quelles sont vos parties préférées et moins préférées du travail?
« Ce que je préfère, c’est qu’en tant que technicien, j’ai la chance de travailler souvent sur différentes émissions. Juste avant de vous parler, je terminais du travail pour le podcast Laugh Out Loud. J’ai travaillé sur des émissions en français, des émissions en anglais, des émissions du matin et de l’après-midi – toutes avec des animateurs.trices différent.e.s. J’ai même été technicien pour le Metro Morning de Toronto, qui est la plus grande émission de radio du pays. C’est probablement l’une des meilleures parties – pouvoir simplement essayer et expérimenter tellement de choses différentes. La pire partie? Si quelque chose ne va pas… les gens vous blâment. Il y a beaucoup de responsabilités et il y a une pression qui accompagne la production radio en direct, n’est-ce pas? Oui, vous pouvez faire une erreur – personne ne va mourir », observe-t-il sagement, « mais si vous faites une erreur, cela se verra. »
Que diriez-vous à quelqu’un qui débute dans le domaine?
« Soyez sympa! Être un collègue agréable peut mener loin. » Il rit pour confirmer son tempérament enjoué et, peut-être pour atténuer la gravité impliquée dans sa réponse précédente, ajoute, « Ne soyez pas trop dur avec vous-même. C’est ce qu’ils m’ont dit quand je commençais : ce n’est pas de la chirurgie à cœur ouvert – c’est juste de la radio. Tu feras des erreurs, tout le monde fait des erreurs. »
Nous savons tous que le networking est important. Avez-vous des conseils à donner aux personnes qui pourraient avoir des difficultés avec cet aspect du travail?
« Mon conseil serait de se rappeler que les gens sont très réceptifs au bavardage. »
Au bavardage?
Il précise : « Les gens de cette industrie sont très amicaux. Ils comprennent la position dans laquelle vous vous trouvez, ils ont eux-mêmes été dans cette position. Alors contactez les gens, tirez votre coup. Vous n’avez rien à perdre. Les gens savent ce que c’est que de chercher son premier emploi. »
Recommanderiez-vous, alors, de contacter toute personne travaillant dans le domaine de notre choix?
« Ouais! Contactez toute personne dont vous pensez que le travail est intéressant, dont le type de travail est ce que vous vous voyez faire. Soyez honnête et clair avec vos intentions et sur ce que vous recherchez. Et soyez confiants que les gens vous répondront parce qu’ils ont tous déjà été à votre place et savent ce que c’est que de débuter. »
Mis à part la formation technique, quels types de traits fonctionnent le mieux dans cette industrie ?
«Être bavard.e», persiste-t-il, ajoutant: «et aussi la curiosité. Être capable de rester calme sous pression et être capable de respecter un délai. » Il mentionne, encore une fois, l’importance d’être agréable envers ses collègues de travail, « Surtout compte tenu des heures non conventionnelles auxquelles nous devons travailler. Personne ne veut traîner avec quelqu’un qui est éternellement grincheux. Doublement à 4 heures du matin. »
Avez-vous des projets à venir ?
« Oui! Je travaille sur un reportage sur l’alimentation compétitive. Je parle de l’histoire du sport et de la raison pour laquelle les gens en sont fascinés depuis si longtemps. Je parle au meilleur mangeur compétitif du pays – pas pour me vanter! Mais, ça montre précisément la variété du travail que j’ai la chance de faire. Je peux rechercher des pièces culturelles que je trouve intéressantes, et la pression de la radio en direct ajoute un degré d’excitation que l’on ne trouve pas toujours dans un 9-5 habituel. Je suis reconnaissant d’avoir trouvé un domaine qui me permet non seulement de perfectionner mes compétences techniques, mais aussi de rencontrer de nouvelles personnes et de vivre de nouvelles expériences chaque jour. » Et, le plus important de tous, « je peux gagner ma vie en bavardant avec les gens. »
Texte et traduction par Ari Mazur
Illustration par Yihong Guo