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Solomon Krause-Imlach est un multi-instrumentiste, compositeur, producteur et designer sonore qui comprend comment émouvoir les gens grâce au pouvoir du son. Il donne vie à l’audio et aux idées avec son oreille expérimentée et sa musicalité polyvalente acquises au cours de plus d’une décennie d’expérience travaillant sur un large éventail de projets en freelance. 

Il y a cinq ans, Solomon a quitté Vancouver pour s’installer à Montréal afin de poursuivre une carrière en production musicale et en design sonore. Il a construit son studio maison de A à Z et a élargi peu à peu sa clientèle grâce à des liens organiques établis dans la scène musicale locale. Il enregistre maintenant des artistes de tous genres, dont Backxwash, gagnante du prix Polaris, et fait aussi du bruitage et du design sonore pour des films, des podcasts et des publicités.

Le musicien aux nombreux talents a pris du temps pour parler avec RAC sur comment optimiser les petits espaces et créer un environnement d’enregistrement sonore idéal, où que vous soyez. 

Crédit photo : Bad/Good

RAC : L’industrie de la musique et de la production sonore peut être intimidante. Comment vous y êtes-vous pris ?

Solomon : J’ai commencé à jouer de la musique vers l’âge de 11 ou 12 ans et j’ai joué dans des groupes pendant tout le secondaire, tout en apprenant différents instruments comme la guitare, la batterie et la basse. J’ai fini par me mettre à travailler avec un logiciel DAW (Ableton) pour l’enregistrement et la production, perfectionnant mes compétences en me concentrant sur des projets plus électroniques. Grâce à cette expérience, j’ai développé suffisamment de compétences et de confiance pour travailler en freelance. J’ai rencontré des gens en faisant partie de la scène musicale locale, en donnant des spectacles et en y assistant. C’est grâce à ces contacts naturels que j’ai commencé à obtenir des contrats de production et d’enregistrement.

RAC : Vous avez construit un studio maison à partir de zéro dans un petit appartement à Montréal. Comment avez-vous fait pour exploiter au maximum l’environnement disponible et le transformer en un espace professionnel ?

Solomon : Il s’agit d’une pièce d’environ 10 pi x 10 pi, alors je savais que je devais maximiser l’espace. Je voulais créer un espace pouvant convenir à n’importe quel projet, dans lequel je me sentais à l’aise et où je pouvais offrir des services professionnels en toute confiance. J’ai appris quelques techniques de construction de base en regardant de nombreuses vidéos sur YouTube et puis j’ai dû être créatif.

Par exemple, ma cabine d’enregistrement vocal est un placard très peu profond, j’ai donc eu l’idée de créer une cabine pliable en utilisant des portes et des charnières. Ne vous sentez pas limité par un petit espace – vous n’avez pas besoin de beaucoup de place. Vous pouvez installer un studio dans un petit espace afin que ça convienne à toutes sortes de projets !

RAC : Peu importe l’endroit où l’on construit son studio, que ce soit une chambre ou un placard, quels sont les trois équipements de base essentiels ?

Solomon : 1. Le matériel d’absorption acoustique est absolument essentiel. Des panneaux ou, au minimum, de la mousse ou des couvertures, si c’est ce que vous avez à votre disposition. Utilisez tout ce qui peut absorber le son.

2. Un microphone décent. Pas le moins cher que vous puissiez trouver, mais vous n’avez pas besoin d’un micro vraiment coûteux pour enregistrer de bonnes performances si votre environnement est suffisamment traité. J’aime le Rode NT mais, à un prix plus abordable, le AT2020 fonctionne bien aussi. 

3. Un environnement calme est la chose la plus importante. Avant tout, traitez le studio le mieux possible – vous n’avez pas besoin de dépenser beaucoup d’argent. Peu importe le prix de votre microphone, s’il y a beaucoup de bruit, vous n’obtiendrez pas un bon enregistrement. Vous devez trouver l’espace le plus calme possible. Cela peut signifier choisir d’enregistrer dans un placard plutôt que près d’une fenêtre dans votre salon. Il s’agit de voir chaque espace comme un espace d’enregistrement potentiel et de savoir comment choisir le meilleur pour le travail.

RAC : Quels sont les domaines de travail inattendus où vous avez découvert que vos compétences pouvaient être utilisées ?

Solomon : Il y a eu toutes sortes d’opportunités différentes ! J’ai été engagé pour une campagne de publicité vidéo qui nécessitait une musique originale et du design sonore. En plus de composer la musique, j’ai fini par enregistrer mes propres bruitages pour lesquels je faisais tomber des classeurs sur le sol, entre autres, pour obtenir les bons sons. C’était assez amusant. J’avais déjà l’équipement de base pour enregistrer les voix pour des projets musicaux, alors j’ai pu utiliser cette expérience pour enregistrer d’autres types de matériel. 

Si vous pensez avoir accumulé suffisamment de compétences adjacentes, n’ayez pas peur de les étendre et de les appliquer à d’autres choses qui sortent de votre domaine habituel. J’ai commencé à faire du design sonore parce que j’avais acquis de nombreuses compétences pertinentes en production musicale, comme l’utilisation de différents objets pour la percussion. J’ai pu me tourner vers les effets sonores, le design sonore pour les animations, les publicités, les courts métrages, les podcasts, ainsi que l’enregistrement de narrations.

RAC : Comment avez-vous appris à entraîner votre oreille pour travailler avec des styles de musique et des projets d’enregistrement différents ?

Solomon : En m’exposant à différents sons, en écoutant tout et en étant à l’écoute de la musique dans différents médias. Écoutez la musique lorsque vous regardez une émission ou un film, faites attention à la musique de fond dans une vidéo YouTube, écoutez la musique dans les podcasts… Jouez également avec différents sons au studio pour la production – n’ouvrez pas les mêmes à chaque fois. Essayez de nouveaux sons et tentez de les intégrer d’une manière ou d’une autre.

RAC : Quelle est la leçon en studio que vous auriez aimé apprendre plus tôt ?

Solomon : Procurez-vous des panneaux acoustiques avec de la mousse d’absorption acoustique ou un matériel équivalent à l’intérieur pour réduire les reflets. Les surfaces dures et plates sont vos ennemies !

—Dernières notes—

Solomon souligne également comment les pigistes peuvent trouver des opportunités de travail qui transformeront leur carrière, même sans relations avec de grands studios. En faisant des recherches en ligne et en s’inscrivant sur des plateformes de freelance comme Upwork, il a été embauché comme designer sonore et compositeur pour Microsoft, en plus d’avoir travaillé comme ingénieur du son pour Trojan. Posséder un studio maison, aussi petit qu’il soit, est un atout considérable : lorsque vous disposez de tout l’équipement dont vous avez besoin à portée de main, il est beaucoup plus facile de saisir des opportunités intéressantes dès qu’elles se présentent, surtout lorsqu’elles sont à délai court. 

Pour ce qui est de la façon dont il a obtenu des contrats avec des artistes majeures comme Backxwash, Solomon pense que faire partie de la scène musicale locale est l’opportunité de réseautage la plus précieuse et la plus organique. « Je pense que le fait d’être sur place, de participer à des spectacles et de ne pas simplement vendre ses services permet de tisser de vraies relations et de savoir avec qui on travaille bien », conclut-il. Les artistes veulent généralement travailler avec des personnes qu’ils connaissent déjà et en qui ils ont confiance, alors lorsqu’ils ont un projet et que vous avez les bonnes compétences, vous serez le premier qu’ils appelleront !

Texte écrit par Maryse Bernard

Illustration par Yihong Guo

Photo de bannière : Bad/Good