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Nous avons tous entendu les histoires iconiques des performances de grands artistes, comme le premier moonwalk de Michael Jackson sur scène, Jimi Hendrix allumant sa guitare en feu, Keith Moon explosant sa batterie, Pete Townsend fracassant sa guitare… Tous ces événements sont bien documentés et connus du grand public, mais peu de gens connaissent les histoires captivantes qui se sont déroulées en studio pendant que ces artistes créaient leurs plus grands succès!

Des erreurs conservées dans la chanson

Lorsque les enregistrements en studio étaient réalisés à l’aide de magnétophones, les erreurs des artistes devaient être littéralement retirées de la bande à l’aide d’une lame de rasoir, puis réassemblées afin de laisser des trous dans la musique. Ce processus conduisait souvent à négliger de petites erreurs et à les conserver dans l’enregistrement, puisque les stations audionumériques (DAW) n’étaient pas encore nées. Ces petites fautes finissent par marquer ces succès, car les chansons ne seraient pas les mêmes sans ces imperfections.

Voici des exemples d’artistes populaires qui ont conservé ces petits moments accidentels qui ont fait des chansons ce qu’elles sont aujourd’hui.

 « Roxanne » – The Police

Alors que The Police enregistrait l’un de ses premiers succès, « Roxanne », le leader du groupe, Sting, s’est assis sur un piano droit pendant que la bande tournait. Il mentionne avoir oublié que le couvercle du piano n’était pas fermé et avoir joué un accord avec son derrière.

 « Hey Jude » – Beatles

Un autre exemple célèbre est celui de Sir Paul McCartney exprimant sa colère en jouant le mauvais accord dans la chanson populaire des Beatles, « Hey Jude ».

Au bout de 2:57, dans la version remastérisée disponible sur toutes les plateformes de streaming, vous pouvez entendre le Beatle lâcher un  « F-bomb » à cause de la petite bêtise qu’il a commise. Écoutez et essayez de la repérer!

 « Just What I needed » – The Cars

Dans l’un de leurs plus grands succès, « Just What I Needed », The Cars insère une grosse erreur de leur batteur, David Robinson, et la fait passer pour intentionnelle. Dans le dernier couplet de la chanson, le rythme de la batterie passe d’un « kick-snare, kick-snare « à un  « snare-kick, snare-kick », ce qui n’était pas voulu selon le batteur du groupe. Bien que cela ait pu être une erreur, cela fonctionne parfaitement, puisque les paroles de ce couplet commencent par  « Cause when you’re standing oh so near, I kind of lose my mind » (Parce que quand tu te tiens si près, je perds la tête). Sans le vouloir, le groove décalé de la batterie donne un sens supplémentaire aux paroles – déroutant les auditeurs pendant un bref instant, leur faisant presque perdre la tête.

Moments où le producteur a amélioré la chanson

Les artistes sont généralement maîtres du son qu’ils souhaitent obtenir de leur matériel original, mais il arrive souvent que leurs producteur.rice.s et ingénieur.e.s interviennent en faisant des suggestions qui déplaisent à l’artiste, mais qui finissent par rendre la chanson ce qu’elle est.

 « Don’t Stop ‘Till You Get Enough » – Michael Jackson

En 1979, alors que Michael Jackson enregistrait « Don’t Stop ‘Till You Get Enough », une section de cordes importante le dérangeait dans l’introduction et les interludes de la chanson. Il a exigé qu’elles soient enlevées car elles l’empêchaient d’enregistrer correctement sa voix. Toutes les cordes allaient être enlevées jusqu’à ce que le légendaire producteur Quincy Jones intervienne et dise à Michael qu’ils garderaient cette section de cordes dans la chanson quoi qu’il arrive. Sans Quincy, la chanson n’aurait pas connu le succès qu’elle connaît aujourd’hui si cette section orchestrale massive avait été supprimée.

 « Strawberry Fields Forever » – Beatles

Souvent considéré comme le cinquième Beatle, George Martin, le producteur du groupe, expérimentait les vitesses de relecture et les boucles de bande pour obtenir un son unique. Lorsque John Lennon a exprimé son mécontentement à propos du son de « Strawberry Fields Forever », Martin est venu avec quelques tours dans son sac.

La version originale de la chanson a été enregistrée avec un band complet, et la version de John Lennon a été enregistrée avec un orchestre entier, représentant fidèlement sa vision artistique pour le morceau. Au lieu de choisir entre les deux, George Martin a ralenti une version pour qu’elle corresponde à la hauteur de l’autre et les a mélangées. L’enregistrement final de la chanson crée un son psychédélique et onirique.

The Joshua Tree – U2

À la fin des années 80, le groupe irlandais U2 enregistrait ce qui allait devenir l’un de ses plus grands albums, et l’un des plus marquants de la décennie. Leur producteur, Brian Eno, était connu pour ses textures atmosphériques et ses paysages sonores saturés de reverb, qui ont considérablement aidé U2 à définir son son en tant que groupe. Eno a introduit des techniques d’enregistrement et de production innovantes, telles que l’utilisation d’instruments non conventionnels et la manipulation du son. Il a poussé le groupe à prendre des risques créatifs et à explorer de nouvelles directions musicales, ce qui a permis d’obtenir un son plus unique et plus dynamique. Un exemple notable de l’influence d’Eno est le timbre de guitare particulier du guitariste de U2, The Edge.

Collaborations spontanées

Certaines des meilleures collaborations musicales de l’histoire ont été réalisées à la dernière minute et de manière imprévue, par exemple lorsque plusieurs artistes majeurs ont enregistré dans le même bâtiment, au même moment.

 « Under Pressure » – Queen et David Bowie

Queen travaillait sur son album Hot Space de 1982 aux Mountain Studios de Montreux, en Suisse. Le groupe y rencontre David Bowie, qui travaille lui aussi sur un album au même endroit. Queen avait travaillé sur une chanson intitulée « Feel Like » dont ils n’étaient pas entièrement satisfaits. Ils se sont mis à improviser sur les accords de la chanson, ont écrit de nouvelles paroles, et le reste appartient à l’histoire, comme on dit. Ce jam-session entre Bowie et Queen est devenu l’emblématique « Under Pressure ».

 « You’re So Vain » – Carly Simon

Même si aucun crédit officiel n’a été accordé à d’autres artistes que Carly Simon pour son énorme succès du début des années 70, on peut entendre une voix célèbre faire des chœurs dans certaines parties de la chanson. Dans le refrain, on peut entendre Mick Jagger des Rolling Stones chanter les lignes : « I bet you think this song is about you, don’t you, don’t you, don’t you » (Je parie que tu penses que cette chanson parle de toi, n’est-ce pas, n’est-ce pas, n’est-ce pas). Jagger avait téléphoné au studio où Carly Simon enregistrait pour savoir ce qui s’y passait. Simon a répondu au téléphone et a dit : « Nous faisons des chœurs sur une de mes chansons, viens donc chanter avec nous ».

Même si nous savons beaucoup de choses sur ce qui se passe sur scène, il est toujours fascinant de jeter un coup d’œil derrière le rideau et d’apprendre l’histoire de la création d’un morceau de musique légendaire. Comprendre le contexte d’une session d’enregistrement peut offrir aux auditeur.rice.s une nouvelle perspective et peut-être même modifier leur interprétation de la chanson.

Écrit par Liam Clarke
Illustration par Holly Li