Si vous sortez à Montréal, il y a de fortes chances que vous tombiez sur le travail de la légende locale Awwful. Le.la producteur.rice et popstar polyvalente est devenu.e incontournable sur la scène musicale queer, grâce à sa musique pop euphorique et ses sets de DJ énergiques, ainsi qu’à ses soirées queer emblématiques, Glitter Bomb et Unikorn. Dédié.e à la création d’opportunités pour les artistes et les drag queens alternatives, Awwful continue à élargir la vie nocturne souterraine de Montréal, une fête à la fois.
À l’approche de ses événements et de ses spectacles à la Fierté Montréal cette année, Awwful a pris le temps de discuter avec RAC de ses racines DIY, ses inspirations et l’avenir étincelant qui l’attend.
RAC : Merci d’avoir pris le temps, Awwful! Pouvez-vous nous raconter comment vous avez commencé à vous intéresser à la musique et à la production?
Awwful : Ça me fait plaisir, merci de me recevoir! J’ai toujours été amoureux.euse de la musique, c’est ce que j’ai toujours préféré. Je n’ai pas grandi avec des musiciens et je n’ai jamais eu l’occasion de prendre des cours, mais mon cerveau a toujours été plein de mélodies. Dès que j’ai reçu mon premier MacBook à l’université, j’ai commencé à jouer avec GarageBand et à apprendre à jouer du synthé à l’oreille… et le reste appartient à l’histoire.
RAC : Vous avez cofondé les soirées emblématiques Glitter Bomb et Unikorn (qui ont toutes deux une édition Fierté Montréal cette année). Comment ces événements ont-ils vu le jour ?
Awwful : Glitter Bomb est mon party original et une partie importante de l’histoire d’Awwful ! Mon ami Jeffrey et moi l’avons fondé en 2015 au NDQ, un bar punk queer sur Beaubien où il travaillait à l’époque. Nous avions la vision d’une alternative DIY inclusive aux clubs gays du Village (les seuls autres endroits où l’on jouait de la pop). Nous n’avions pas d’expérience en tant que DJ, mais nous avons appris à mixer nous-mêmes avec des logiciels gratuits. L’événement a fini par devenir bien plus grand que nous ne l’avions imaginé : ce n’était pas seulement une soirée dansante, mais aussi un point de rencontre pour les drag queens alternatives et les artistes queers émergent.e.s.
C’est grâce à Glitter Bomb que j’ai rencontré mes collaborateur.rice.s d’Unikorn (les drag queens Sisi Superstar et Mirage, et la photographe Sam Blake). Fondé en 2018, Unikorn est une soirée de club queer qui est à la fois une rave, un cabaret de drag queens et une série de concerts. Il y a beaucoup plus de production pour Unikorn ; c’est un véritable spectacle. Notre objectif à chaque édition est de présenter les membres de l’underground queer de Montréal comme s’ils et elles étaient des superstars mondiales. C’est une fête vraiment spéciale.
Ces deux soirées ont contribué à me donner la confiance nécessaire pour me produire devant une foule – je ne sais pas à quoi ressemblerait Awwful sans elles.
Ne manquez pas Glitter Bomb le 3 août et Unikorn on le 5 août 2023.
RAC : Montréal est connue pour sa vie nocturne vibrante, en particulier au sein de la communauté queer. Pensez-vous que la ville favorise la créativité et l’expression ?
Awwful : Pas vraiment. Je dirais que c’est la communauté qui favorise et soutient le plus, surtout en dehors du Mois de la fierté. La plupart des opportunités que nous avons en tant qu’artistes queer à Montréal, nous les créons pour nous-mêmes ou nous nous les offrons les uns aux autres. Je pense que la pandémie a rendu cela encore plus évident, car de nombreuses petites salles ont dû fermer à jamais. J’aimerais que Montréal fasse plus pour préserver ces espaces.
RAC : Avez-vous des conseils à donner aux musicien.enne.s et aux producteur.rice.s de la communauté qui débutent?
Awwful : Faites confiance à votre oreille! Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de faire de la musique. Ce qui compte le plus, c’est le son, l’ambiance et le caractère. Trouvez ce qui marche pour vous!
RAC : Quel est l’équipement de studio maison dont vous ne pouvez absolument pas vous passer ?
Awwful : Mon MacBook et Logic Pro X ! De l’écriture à l’enregistrement, du mixage au mastering, en passant par la création de flyers et de pochettes d’album, je fais tout sur mon ordinateur portable et je serais perdu.e sans lui. À chaque fois qu’il se met à mal fonctionner, ma vie défile devant mes yeux.
RAC : Quels sont les artistes qui vous ont le plus inspiré.e, vous et votre musique?
Awwful : Il y en a tellement. J’ai grandi en écoutant de la new wave et de la synthpop, des groupes comme Depeche Mode et OMD qui m’ont indéniablement formé.e. Au cours de la dernière décennie, j’ai beaucoup aimé les artistes de PC Music, comme A.G. Cook, SOPHIE et Doss : de la musique pop avec un design sonore expérimental. Je suis également fan de la musique ambiante, plus axée sur la texture que sur la mélodie.
RAC : Vous organisez et participez à de nombreux spectacles de la Fierté cette année. Qu’est-ce que ces événements signifient pour vous et à quoi pouvons-nous nous attendre?
Awwful : Oui! J’organise une fête Unikorn et une Glitter Bomb. La Fierté nous aide à réaliser des choses pour lesquelles nous n’aurions normalement pas de budget. Pour Unikorn, nous faisons venir Sonikku de Londres et That Kid de Denver, ce qui nous ravit. Je ne veux pas trop en dire, mais attendez-vous à une fête exceptionnelle.
RAC : On a hâte de voir la suite pour Awwful! Avez-vous des projets ou des sorties excitantes en vue?
Awwful : Mes plus gros projets cet été sont les spectacles de la Fierté déjà mentionnés, mais je travaille toujours sur de la musique et divers projets. Je n’essaie pas de dévoiler quoi que ce soit. Unikorn a une grosse collaboration top secrète à venir en novembre, alors restez à l’écoute.
Vous pouvez suivre ma musique et mes événements via instagram.com/awwful et linktr.ee/awwful.
Écrit et traduit par Maryse Bernard
Illustration par Yihong Guo