En tant que nouveau diplômé de RAC, Félix Laliberté s’est retrouvé confronté avec une question majeure que la plupart des étudiants se posent : quoi faire maintenant ? Grâce au réseautage, à sa capacité à reconnaître les occasions clés et à sa détermination à poursuivre sa passion pour l’audio et la musique sous toutes ses formes, Félix a décroché un poste d’assistant de studio au Le Lab Mastering, un studio de masterisation montréalais reconnu. Ce nouveau voyage lui a révélé des passions dont il ignorait l’existence.
RAC : Parlez-nous un peu de vous et de ce qui vous a poussé à poursuivre une carrière dans le son. Quand avez-vous réalisé que l’ingénierie audio/la conception sonore était un domaine dans lequel vous aimeriez travailler ?
Félix : J’ai d’abord réalisé que je voulais faire carrière dans le domaine du son alors que j’étudiais l’informatique au collège Champlain. Dès les premières semaines du programme, j’ai su que ce n’était pas la carrière que je voulais poursuivre. J’aimais composer de la musique durant mon temps libre, et je m’intéressais de plus en plus à l’idée d’établir une carrière liée au monde de l’audio. J’ai décidé plus tard de m’inscrire à L’Institut d’enregistrement du Canada dans le but de poursuivre cet intérêt.
RAC : Vous avez obtenu votre diplôme le semestre dernier et avez commencé à travailler au studio de mastering Le Lab Mastering peu de temps après. Pouvez-vous nous parler un peu de la façon dont vous avez obtenu ce poste, et de la transition entre les études audio et le travail à plein temps dans l’industrie ?
Félix : Dès que j’ai obtenu mon diplôme, j’ai trouvé un emploi comme vendeur d’instruments pour acquérir plus d’expérience pertinente dans le domaine du son. Pendant que je travaillais là, je postulais à divers studios et emplois qui exigeaient plus d’expérience et de connaissances que ce que je possédais réellement. Finalement, un de mes contacts m’a recommandé Le Lab Mastering, qui cherchait un nouvel assistant de studio.
Être étudiant en audio et être assistant de studio se ressemblent plus que je ne le pensais ; j’ai l’impression d’acquérir chaque jour davantage de connaissances et je me rends compte que mon apprentissage est loin d’être terminé. Travailler dans le secteur à plein temps est un défi, car je dois apprendre très rapidement pour être performant dans mon travail, notamment en ce qui concerne travailler avec de nouveaux équipements ou de nouveaux logiciels.
RAC : Pouvez-vous nous parler du processus d’entretien pour obtenir ce poste ? Quelles sont les questions ou les tests de compétences que les étudiants sur le point d’obtenir leur diplôme peuvent s’attendre à se voir poser ?
Félix : L’entretien n’était pas vraiment axé sur les compétences. Le studio souhaitait plutôt trouver une personne fiable qui travaille fort. Une fois que j’ai contacté le studio, je me suis assuré qu’on savait que j’étais très intéressé de travailler pour eux. Le lendemain, j’ai obtenu un entretien d’embauche. Deux jours plus tard, je suis arrivé pour mon premier jour de travail.
Je dirais que les diplômés peuvent s’attendre à ce qu’on leur demande quels sont les logiciels avec lesquels ils sont à l’aise, puis qu’on leur dise quels sont les nouveaux logiciels avec lesquels ils doivent apprendre à travailler rapidement.
RAC : Pouvez-vous expliquer brièvement la différence entre le mixage et le mastering ?
Félix : La principale différence entre le mixage et le mastering est que lorsque vous êtes au stade du mixage, vous mélangez tous les éléments d’une chanson pour les faire sonner correctement ensemble.
Lors du mastering, vous devez réviser le travail qui a été fait avant vous et ajuster l’équilibre général et le volume du son pour qu’il corresponde aux références qui ont été fournies, tout en vous assurant que la chanson répond aux différentes normes de l’industrie.
RAC : En quoi votre formation vous a-t-elle aidé dans ce poste actuel ? Pouvez-vous penser à des choses spécifiques que vous avez apprises et que vous appliquez à votre travail ?
Félix : Toutes les connaissances audio de base que j’ai acquises à l’école ont été essentielles pour m’aider à comprendre complètement le travail que je fais tous les jours.
L’apprentissage des différents flux de travail a également été utile, car j’ai dû apprendre à travailler avec de nouveaux logiciels comme Sequoia, Samplitude et Nuendo.
RAC : Pouvez-vous nous parler un peu de vos responsabilités au studio ? À quoi ressemble votre quotidien ?
Félix : En tant qu’assistant de studio, je ne travaille pas toujours sur des tâches liées à la musique – en fait, je fais tout dans le studio. Cela signifie que je peux aller du nettoyage de l’espace aux contrôles de qualité des albums avant d’envoyer ces derniers aux clients. Certaines de mes responsabilités liées à l’audio consistent à construire des sessions, exporter des projets, réparer des fichiers audio, etc. Je communique souvent avec les clients pour répondre à une variété de leurs besoins, y compris les problèmes qu’ils peuvent avoir qui nécessitent mon aide.
RAC : Vous travaillez aux côtés d’ingénieurs du son dont les CV sont impressionnants. Pouvez-vous nous faire part de quelques idées ou conseils que vous avez obtenus en travaillant avec eux ? Ont-ils partagé des connaissances qui ont eu un impact particulier sur vous ?
Félix : « Ne prend rien pour acquis », c’est une phrase qu’on me répète souvent.
Étant donné que nous sommes les derniers à toucher les projets avant qu’ils ne soient rendus publics, il est très important de ne jamais rien présumer. Ce que je veux dire c’est que vous devez poser des questions et vous assurer que vous faites la bonne chose (à la fois en termes de ce que le.la client.e veut et de la logistique). Vérifiez toujours votre travail et faites-le vérifier par un pair qualifié. Vous ne voulez pas envoyer accidentellement le mauvais fichier à un.e client.e ou partager quelque chose qui est de mauvaise qualité.
RAC : Quelles sont les pièces d’équipement uniques du Lab avec lesquelles vous espérez travailler bientôt ? Pouvez-vous nous parler un peu de ce qu’elles font et pourquoi vous les trouvez particulièrement intéressantes ?
Félix : Une pièce d’équipement que j’ai hâte d’utiliser davantage est notre suite de mastering immersive. J’ai l’impression d’avoir beaucoup à apprendre sur le son immersif, et je serais très intéressé d’acquérir plus de connaissances à ce sujet.
Une autre pièce d’équipement que j’aimerais utiliser serait notre banc Neumann VMS-70, que nous utilisons pour graver les acétates maîtres lors de la production des vinyles.
La dernière pièce d’équipement avec laquelle j’ai hâte de travailler est le système de sonorisation Focal Utopia.
RAC : Vous travaillez dans un studio de mastering. Le mastering est-il la direction que vous souhaitez prendre à long terme dans votre carrière ? Pourquoi ou pourquoi pas ?
Félix : Oui ! Plus j’en apprends sur le mastering et toutes ses subtilités, plus cela devient intéressant. Je me suis rendu compte que c’est une des parties les plus importantes du processus de création musicale, car c’est la dernière fois qu’un morceau est touché par un ingénieur avant d’être distribué aux auditeurs.
Aussi, je me sens très chanceux de pouvoir travailler avec des ingénieurs de mastering aussi extraordinaires !
RAC : Quel est le plus grand défi auquel vous avez été confronté en apprenant à devenir un ingénieur de mastering ?
Félix : Comme mentionné, le mastering est la dernière étape avant la distribution, ce qui signifie que tout doit être parfait. C’est l’un des plus grands défis pour moi car cela met beaucoup de pression pour rendre un morceau parfait. Une fois qu’une chanson ou un album est terminé et qu’il est distribué, rien ne peut être changé. Ça veut dire que vous ne pouvez pas vous permettre d’ignorer un problème ou de faire l’erreur de ne pas le remarquer à n’importe quel moment du processus de masterisation puisqu’il n’y aura pas de deuxième chance.
RAC : Y a-t-il des services ou équipements spéciaux que seul votre studio offre ?
Félix : Un service spécial que nous avons récemment commencé à offrir est le mastering immersif. Nous utilisons un système de monitoring 7.1.4 pour masteriser les projets. Cela permet aux clients d’écouter la musique avec une représentation spatiale encore plus grande que le champ stéréo habituel.
Un autre aspect unique de notre activité est la gravure d’acétates-maîtres pour la production de vinyles. La gravure d’une acétate est la première étape physique du processus de pressage d’un vinyle. Nous avons récemment réalisé notre 1000ème projet !
RAC : Le fait de travailler dans un studio de mastering a-t-il changé votre façon d’écouter la musique ?
Félix : Oui ! Comme une partie de mon travail consiste à effectuer des contrôles de qualité sur des projets, mon oreille s’est beaucoup développée et je remarque de plus en plus de petits détails dans les chansons que j’écoute.
RAC : Y a-t-il des projets passionnants sur lesquels vous avez hâte de travailler ?
Félix : J’ai vraiment hâte de masteriser d’autres projets à l’avenir. Avec le travail que je fais au studio, je me sens bloqué dernièrement en matière de création musicale. L’un des projets sur lesquels j’ai hâte de travailler est de composer de nouvelles chansons afin de pouvoir les masteriser – ceci dans le but de développer mes compétences en tant qu’ingénieur de mastering. J’ai aussi commencé récemment à proposer mes services pour masteriser les chansons et les albums de mes clients, ce qui représente une opportunité incroyable pour moi.
Texte écrit par Ania Szneps
Illustration par Yihong Guo