Francisco, diplômé et instructeur actuel à RAC, alias Zisco, donne l’impression que surmonter des défis monumentaux est un jeu d’enfant. En à peine quatre ans, il a quitté son pays natal, maîtrisé une nouvelle langue, amélioré ses compétences audio et fait de grands pas vers l’accomplissement de ses objectifs de carrière – et ce, toujours avec une attitude positive.
Si je n’étais pas ingénieur du son, je serais… architecte. Je dessinais beaucoup et j’ai grandi en jouant avec des Legos, donc je pense que concevoir et créer des choses à partir de rien a toujours fait partie de mes passions (tout comme composer une chanson à partir de rien !).
Nommez une chanson qui est répétée sur votre playlist : Brisa par Danny Ocean
Quel est votre spectacle live préféré ?
J’ai trois spectacles live préférés :
- Ricardo Arjona – sa tournée Circo Soledad
- Romeo Santos – son concert Viña del mar
- Luis Miguel – son spectacle live au Teatro de Bellas Artes
Matinal ou noctambule ? Couche-tard, définitivement
Chanson préférée en ce moment ? Mujer de Guanahaní par Ricardo Arjona
RAC : Dites-nous un peu d’où vous venez et votre parcours dans l’audio.
Zisco : Je suis né au Venezuela. En 2018, j’ai décidé que je devais quitter mon pays (ce qui signifiait apprendre l’anglais à partir de zéro) et de trouver un moyen de continuer à améliorer mes compétences audio et musicales afin de pouvoir accomplir mon plus grand objectif professionnel : être l’un des producteurs latins les plus reconnus au monde.
Bien que j’ai étudié l’ingénierie audio et la production musicale au Venezuela pendant 3 ans, j’ai trouvé que le fait d’étudier et de travailler à RAC m’a aidé à polir beaucoup de ces compétences (et je m’améliore encore !).
RAC : Quand avez-vous réalisé que la musique/la production sonore était quelque chose que vous vouliez poursuivre ?
Zisco : Depuis que je suis tout petit, à partir de 9 ans environ, je n’ai pas pu m’empêcher de tambouriner sur des tables ou n’importe quelle surface avec mes mains ou mes pieds, en suivant toujours n’importe quel rythme. Je suppose que c’est quelque chose que tout le monde fait, mais ma famille a remarqué ma petite obsession et a décidé de m’offrir une batterie et un ensemble de percussions de base pour Noël une année. Bien que j’en sois tombé amoureux, cela n’a pas suffi à satisfaire pleinement ma curiosité et mon amour de la musique.
Je me suis vite retrouvé à analyser les instruments et les paroles des chansons que j’écoutais, et j’ai commencé à chanter des mélodies au hasard, ce que j’aimais aussi faire tout le temps. Malheureusement, je n’avais pas les moyens d’enregistrer ou de sauvegarder ces idées à l’époque, mais cela m’a heureusement amené à découvrir le monde de l’ingénierie audio.
RAC : Pouvez-vous parler un peu des différences entre le monde de l’ingénierie audio canadien et celui que vous avez connu au Venezuela ? Qu’est-ce qui vous a poussé à faire un si grand déménagement ?
Zisco : En 2017 j’ai travaillé quelques concerts en tant qu’ingénieur du son en direct à Caracas, au Venezuela. J’ai également travaillé à temps partiel comme opérateur de console pour une station de radio, aussi dans la capitale. Ces emplois m’ont permis d’acquérir beaucoup d’expérience, non seulement en tant qu’ingénieur, mais aussi sur le plan professionnel, puisque j’ai dû apprendre à travailler avec les autres employés.
Néanmoins, en raison de la crise économique du Venezuela, il m’était presque impossible d’imaginer un avenir dans mon pays. J’ai donc pris la décision courageuse de monter dans un avion et de déménager au Canada. Après avoir terminé mes études à RAC à Montréal, j’ai commencé à établir des contacts avec des artistes locaux qui cherchaient un ingénieur de mixage/mastering ou un producteur. La barrière de la langue était un problème pour moi au début, mais la musique est une langue universelle dont tout le monde parle, peu importe où l’on se trouve ou d’où l’on vient.
Par la suite, je me suis fait connaître de plus en plus par ma musique – les gens ont commencé à remarquer et à apprécier mon style particulier qui a toujours un son latino. Au début de 2022, j’ai obtenu un poste d’ingénieur principal du son en direct pour une salle du Vieux-Port de Montréal, Lola Lola Lolita. J’ai donc l’occasion de travailler à nouveau avec le son en direct !
RAC : Vous avez une grande variété d’expériences dans l’industrie, allant du travail d’ingénieur du son en direct, à un opérateur radio, à un ingénieur de mixage, et même comme assistant et instructeur en audio ! Y a-t-il un parcours professionnel qui vous a attiré plus que les autres ? Pourquoi ?
Zisco : Honnêtement, je ne m’attendais pas à avoir autant de plaisir à enseigner l’ingénierie audio et la production musicale que j’en ai à RAC. Mais le but de ma vie est d’être un producteur à temps plein pendant la semaine et un ingénieur du son en direct la fin de semaine. Le fait d’être entourée de musique et de gens qui l’aiment autant que moi me fait sentir plus que complet. Il y a encore tellement de choses à apprendre et il n’y a aucune limite aux compétences que l’on peut améliorer dans ce domaine ; cela me motive à continuer à travailler dans un studio ou à tenir la console pour un spectacle en direct.
RAC : Quels conseils donneriez-vous aux étudiants ou aux nouveaux diplômés ? Quelles sont certaines des choses que vous avez apprises au cours de votre propre parcours ?
Zisco : DÉVELOPPEZ VOTRE PORTFOLIO. Ne vous sentez pas mal si vous devez faire du travail gratuitement. Tant que vous faites de votre mieux, les gens diront du bien de vous, ils écouteront votre travail et vous aideront à vous constituer un réseau.
Je dirais qu’il est tout aussi important de conserver une attitude positive, d’être patient et de travailler autant que possible – ces éléments finiront toujours par payer.
De plus, en développant votre portfolio et en bénéficiant du bouche-à-oreille positif de nombreuses personnes, votre carrière n’aura qu’une seule trajectoire : vers le haut !
Chaque fois que je me sens dépassé ou que je ne sais pas comment avancer dans ma carrière, je me souviens toujours d’une phrase qu’un de mes professeurs vénézuéliens avait l’habitude de répéter : « La musique ne peut pas se défendre. C’est notre devoir de travailler pour la musique et de la défendre » . Cela m’aide à rester concentré et motivé sur ce que je veux faire à l’avenir.
Francisco en tant qu’ingénieur de son façade principal
RAC : Quel est le plus grand impact que votre formation en production musicale a apporté à votre travail ? S’agit-il uniquement de prouesses techniques ?
Zisco : Sans mon éducation audio, il m’aurait peut-être fallu beaucoup plus d’années (et beaucoup plus d’erreurs) pour atteindre le niveau auquel je suis actuellement. Un autre aspect positif de l’éducation est qu’elle vous permet de comprendre que ce n’est pas un domaine facile à maîtriser, donc le niveau de compétence nécessaire pour réussir n’est pas quelque chose que vous devez sous-estimer ou prendre pour acquis. Il faut beaucoup de technicité et de sens artistique dans ce domaine, et il me serait extrêmement difficile de recommencer tout mon parcours sans un professeur ou un instructeur pour me guider.
Je vois beaucoup de gens qui sous-estiment le temps et les compétences nécessaires pour réaliser des projets simplement parce qu’ils n’ont pas fait d’études dans ce domaine, ce qui signifie qu’ils n’ont pas passé toutes ces heures à étudier, et ils ne voient pas la valeur de tout le temps, l’énergie et les compétences nécessaires pour créer un produit final impeccable. Vous finissez par apprécier davantage les œuvres musicales après avoir étudié l’audio et le son.
RAC : Vous créez aussi votre propre musique ! Comment décririez-vous votre son ? Y a-t-il d’autres genres que vous aimeriez essayer ?
Zisco : Ma musique est faite pour danser. Je suis originaire des Caraïbes, donc les congas et les bongos font partie de moi. Mais même si la plupart de mes compositions ont des sonorités très latines (comme le reggaeton, le merengue, la bachata et la salsa), j’aimerais quand même essayer quelque chose de différent, comme le ska et le rock.
RAC : Qu’espérez-vous accomplir à travers votre musique et votre carrière ?
Zisco : En plus d’être connu dans la communauté musicale et audio, j’aimerais que les gens apprécient purement et simplement ma musique. Je veux plaire aux gens qui veulent danser, mais aussi que mes morceaux inspirent les gens à discuter de certains sujets politiques que j’espère aborder un jour dans ma musique.
RAC : Quels sont les grands objectifs de carrière que vous aimeriez atteindre ? Y travaillez-vous actuellement ?
Zisco : En ce moment, je me concentre sur ma carrière d’enseignant, ingénieur de son en direct et de producteur. J’ai cependant un projet sur lequel je travaille très dur, qui est mon projet Zisco Music. Zisco est, et sera toujours, le projet de ma vie.
Zisco est l’incarnation totale de mon rêve de producteur vénézuélien. J’espère que Zisco représentera le Venezuela dans l’industrie. Je veux toucher les gens et prouver que tout est possible avec un peu de travail et beaucoup de joie. Zisco, c’est cette vibe caribéenne dont tout le monde a besoin dans sa vie, et je veux la partager.
RAC : Merci pour votre temps Francisco ! Pouvez-vous nous donner un petit aperçu de ce que le reste de l’année 2022 vous réserve ?
Zisco : Je suis en train de collaborer sur un album avec un artiste mexicain incroyablement talentueux. Je suis le co-compositeur, l’ingénieur d’enregistrement/montage et l’ingénieur de mixage. Je ne peux pas donner trop de détails, mais gardez un œil sur ce futur projet !
Traduit par Ania Szneps
llustration par Yihong Guo