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Questions rapides 

L’instrument que vous utilisez le plus : Le violoncelle.

La musique que vous écoutez en ce moment : Trames sonores, musique des années 1960, EDM, musique pop des années 2010.

Le film dont vous auriez aimé composer la bande sonore : Blade Runner : 2049.

Une grande leçon que vous avez apprise dans l’industrie de la musique : Valoriser le lien humain.

Ce n’est pas une surprise si Kristopher Rioux se retrouve aujourd’hui derrière ses instruments et VST pour créer des univers oniriques. L’esthétique musicale et visuelle des films et jeux vidéo le fascine depuis longtemps. Il s’inspire de ses expériences de vie, entremêlées de sport, de moto et de la nature des Laurentides au Québec pour les transformer en trames sonores qui captivent notre imaginaire. RAC s’est entretenu avec le concepteur de son et compositeur afin d’en savoir plus sur son parcours.

RAC : Pouvez-vous nous raconter le parcours qui vous a amené à devenir compositeur et concepteur sonore?  

Kristopher : Tout a commencé quand j’étais jeune ; mes parents et moi regardions tous ces grands blockbusters. Une franchise m’a le plus marqué : Transformers. La bande sonore est tellement épique et émotionnelle, avec des thèmes musicaux clairs et mémorables. C’est plus ou moins ma première introduction aux partitions musicales. Plus tard, au primaire, j’ai décidé de rejoindre l’harmonie de l’école en jouant du trombone. Un jour, le professeur m’a demandé de diriger l’orchestre et, à partir de ce moment, j’ai su que c’était ce que je voulais faire. Dans mon adolescence, j’ai découvert Deadmau5 et il m’a inspiré à commencer à faire du DJing et à produire de l’EDM avec un ordinateur. À partir de là, j’ai tranquillement évolué vers la production de trames sonores hybrides. Tout au long de ce parcours, j’ai également été inspiré par mon amour pour les jeux vidéo. Avec des jeux comme No Man’s Sky, Rainbow Six Siege et bien d’autres. Ils m’ont transporté dans de nouveaux mondes et m’ont placé dans des scénarios uniques. Ça m’a motivé à créer des mondes et des expériences distinctives avec ma musique.

Illustrations d’albums par Kristopher Rioux

RAC : Vous avez créé des designs visuels en 3D pour les illustrations de vos albums. D’où vient votre intérêt pour les arts visuels?

Kristopher : J’ai regardé tous ces grands films de science-fiction avec d’incroyables images en CGI, ainsi que des jeux vidéo. J’adore regarder les coulisses et voir ces incroyables artistes d’effets visuels créer des mondes extraterrestres ou des personnages irréels. De plus, il y a quelque chose de vraiment magique dans le fait d’aller plus loin et de créer l’aspect visuel des mondes que j’invente avec ma musique.

RAC : Quel est votre VST préféré pour concevoir et créer des paysages sonores orchestraux ou de la musique électronique? 

Kristopher : Kontakt, sans aucun doute. On y trouve de tout : des synthés analogiques, des paysages sonores délirants, des percussions épiques, des orchestres échantillonnés ultra-réalistes, des chœurs éthérés… littéralement tout.

RAC : Quel est votre type de son préféré à créer et comment le faites-vous ?

Kristopher : Les paysages sonores, les drones et les pads. J’utilise un mélange de synthés analogiques et de synthèse granulaire. J’adore les synthés granulaires, ils me permettent de créer des paysages sonores fous avec les samples les plus aléatoires que l’on puisse imaginer ou en changeant complètement des sons et des instruments courants. Par exemple, je prends un piano et je le traite avec de la reverb et du delay. Je l’arpège, je fais un rendu, je mets cet audio rendu dans un synthé granulaire, je rajoute de la reverb et voilà! Un paysage sonore éthéré d’un autre monde.

RAC : Vous travaillez avec le label allemand MidnightAV. Pouvez-vous nous dire comment tout cela a commencé et ce que vous faites avec eux?

Kristopher : Tout a commencé lorsque j’ai postulé pour le label Trailer Rebel. Ils m’ont répondu et m’ont suggéré de travailler avec leur deuxième label :  MidnightAV, car mon style était plus cinématographique et moins bande-annonce. MidnightAV est un label qui propose des licences de musique cinématique aux cinéastes, aux studios de cinéma, aux vidéastes, aux photographes et à tout le monde qui a besoin de musique de film. J’aime pouvoir choisir les chansons que je signe avec eux ou non.

RAC : Vos compositions de bande originale expriment une large palette d’émotions, nous emmenant dans la science-fiction, l’action, la dystopie, l’aventure, le fantastique et même le thriller. Y a-t-il un type de composition qui vous pose le plus de défis? 

Kristopher : Ils ont tous leurs défis, mais je dirais que, pour moi, le fantastique est le plus difficile. Il faut créer des mondes, des histoires et des atmosphères uniques, mais sans utiliser de synthétiseurs ou en en utilisant très peu. Par exemple, quand on pense au Seigneur des anneaux, on ne pense pas à des sons en dents de scie et à des drones profonds. Lorsque vous composez pour des genres fantastiques, vous devez vous fier uniquement aux mélodies, aux accords et à la création de textures orchestrales uniques. 

RAC : Vous composez actuellement la bande originale d’un court métrage d’animation et celle d’un jeu post-apocalyptique. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce type de travail et sur les demandes des clients?

Kristopher : Comme mon style est très mélodique, les clients.es me demandent le plus souvent de créer un thème distinct et mémorable. D’autres me demandent également des instruments ou une orchestration spécifiques. J’aime beaucoup travailler sur des projets où je n’ai pas à me préoccuper de l’histoire, du contexte, de l’univers et de l’ambiance. Ces parties sont déjà faites et je peux me concentrer sur la musique.

RAC : Quels sont les éléments distinctifs que vous prenez en compte lorsque vous composez pour une bande-son ou un jeu vidéo?

Kristopher : Tout d’abord, l’univers. Les jeux vidéo permettent de se retrouver dans un autre monde, il faut donc soigner l’atmosphère et immerger les joueur.euse.s. Deuxièmement, et c’est un peu bizarre, le menu principal. C’est la première chose qu’on voit et entend. Il doit avoir un impact qui mette immédiatement les joueur.euse.s dans l’ambiance et donne le ton du jeu.

RAC : Quels conseils donneriez-vous à un.e compositeur.rice de musique qui souhaite gagner de la visibilité et trouver des contrats?

Kristopher : Investissez dans une bonne présentation. En ligne, les gens n’entendront pas d’abord votre musique – ils verront votre site web, votre page YouTube et votre profil Instagram. Un site web décent contribue énormément à vous présenter comme un.e professionnel.le. De nos jours, nous avons tellement d’outils entre les mains que c’est devenu plus facile que jamais.

RAC : En 2022, vous avez sorti un EP science-fiction, Beyond Horizons, et plusieurs singles. Qu’est-ce qui est prévu pour vous cet été? 

Kristopher : Parallèlement à ces deux projets, j’ai composé une autre chanson sur le thème de la science-fiction et du space opera intitulée « Stargazed ». Elle devrait sortir très bientôt. Je cherche aussi à faire une chanson ou un EP s’approchant plus du genre cyberpunk, mais je n’ai que des brouillons et rien de concret pour l’instant.

Écrit par Caroline Boivin

Illustration par Holly Li