Comment combiner l’amour du cinéma et la passion du design sonore ? Pour Frédéric Siron-Mazalon, diplômé de RAC, la réponse est la création de l’audio pour les jeux vidéo et les montagnes russes interactives des parcs d’attractions. Quelle que soit le projet – qu’il s’agisse de travailler avec des centaines de haut-parleurs pour un manège ou de convertir des fichiers audio – Frédéric a toujours maintenu une forte éthique de travail et une curiosité créative qui lui ont permis d’atteindre continuellement des sommets dans sa carrière.
En quelques années seulement, Frédéric a réussi à se constituer un portfolio impressionnant, et à présenter son travail dans le monde entier. Il s’est entretenu avec RAC pour partager les détails de sa trajectoire professionnelle et expliquer à quel point le fait d’être proactif tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de la classe a eu un impact sur sa carrière.
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RAC : Parlez-nous un peu de votre parcours et de ce qui vous a poussé à entrer dans le monde de l’audio.
Frédéric : Je viens d’une famille qui s’est toujours beaucoup intéressée à la musique, mais uniquement en termes de fans enthousiastes. Aucun n’a fait carrière en musique, mais tous aiment beaucoup l’écouter – j’ai toujours été entouré de musique et j’apprenais à jouer de nouveaux instruments. Au cégep, j’ai décidé d’étudier le cinéma, qui était alors ce que je pensais être ma passion. Il n’a pas fallu longtemps pour que je commence à m’intéresser à l’audio et que je me retrouve à travailler sur les sons de nos projets. Suite à cet intérêt, j’ai obtenu mon diplôme et commencé mes études à RAC, où j’ai réalisé que je pouvais poursuivre une carrière qui reflétait réellement ma passion : le son et la musique.
RAC : Quand avez-vous réalisé que l’audio et la conception sonore étaient des activités que vous vouliez poursuivre professionnellement ?
Frédéric : Lorsque j’ai commencé mes études à RAC, j’ai découvert que, pour la première fois, j’étais complètement entouré de personnes qui partageaient la même passion et qui étaient soit en train de débuter, soit déjà dans le secteur. C’est là que j’ai réalisé pour la première fois que cette passion pouvait devenir une profession. En étudiant et en me familiarisant avec l’industrie, j’ai aussi réalisé que Montréal offrait beaucoup de possibilités et qu’il ne serait pas difficile de se lancer dans le métier ; ce n’était qu’une question de temps et de motivation.
RAC : Vous avez beaucoup travaillé à la création et à la conception de sons pour des expériences interactives. Dites-nous comment vous avez commencé à vous intéresser à ce type de conception sonore et comment vous avez débuté.
Frédéric : Lorsque j’étais stagiaire à RAC, j’ai postulé pour un contrat – très ennuyeux – de 3 semaines. On m’a demandé d’effectuer la simple tâche de convertir des fichiers Surround en fichiers Mono pour une entreprise de divertissement/de montagnes russes. Après avoir cherché en ligne des moyens d’effectuer ce travail plus rapidement, j’ai pu le terminer en quelques jours. L’entreprise m’a ensuite confié d’autres tâches plus intéressantes pour le reste de mon contrat, même si c’était la première fois que je travaillais sur ce type de média. Quelques mois plus tard, ils avaient une ouverture pour un intégrateur audio et ils m’ont appelé. J’ai fini par y travailler pendant deux ans, créant et intégrant des sons pour diverses montagnes russes/expériences interactives dans le monde entier. Tout cela a commencé par la simple conversion de fichiers audio.
RAC : Quel est l’un des projets sur lesquels vous avez aimez travailler ? Pourriez-vous nous donner quelques détails sur le projet lui-même, vos tâches spécifiques, ce dont vous êtes le plus fier ?
Frédéric : Sans vouloir être trop ennuyeux, mes projets préférés sont ceux qui n’ont malheureusement pas été annoncés et sur lesquels je ne peux donc pas divulguer beaucoup d’informations. Pour la première fois, j’ai bénéficié d’une liberté totale sur l’un de ces projets. J’étais le seul concepteur sonore et intégrateur sur le projet, j’ai donc pu mettre toute ma créativité dans des résultats concrets.
Un projet très amusant et stimulant sur lequel j’ai travaillé et qui est déjà sorti est une montagne russe interactive en Californie appelée Knott’s Bear-y Tales. J’ai dû gérer des centaines de haut-parleurs diffusant des sons, des voix et de la musique simultanément tout autour de l’attraction. Il y a des haut-parleurs devant vous, derrière vous, dans votre contrôleur et dans le chariot dans lequel vous êtes assis. Ce projet comportait de nombreux défis, mais cela l’a rendu encore plus amusant à travailler.
RAC : Vous concevez également des sons pour les jeux vidéo et autres appareils électroniques. Quel a été votre premier travail de sonorisation pour ce média ? Comment avez-vous mis le pied dans la porte ?
Frédéric : Lors de mon premier emploi dans le secteur de l’expérience interactive, j’ai établi de bons contacts qui m’ont permis d’être sollicité plus tard pour participer à l’intégration audio du jeu vidéo Vampire : The Masquerade – Bloodlines 2. C’était ma première expérience dans le domaine des jeux vidéo, mais je me sentais très à l’aise car le processus était le même que pour mes projets précédents. Plus tard, la compagnie a eu un poste vacant de concepteur technique du son et je l’ai obtenu. Depuis, j’ai surtout travaillé sur des jeux vidéo pour consoles et PC.
RAC : Quels sont les projets sur lesquels vous travaillez habituellement lorsque vous concevez des sons pour des jeux vidéo ? Y a-t-il quelque chose que les clients demandent toujours ou est-ce que chaque projet est unique ?
Frédéric : Chaque projet sur lequel j’ai travaillé a généralement été unique, mais les clients ont des demandes très similaires. Je peux devoir concevoir une série d’explosions pour quatre projets différents en l’espace d’une année, mais chaque projet a une ambiance et un processus créatif qui lui sont propres, et je vais donc concevoir des sons complètement différents.
RAC : Parlez-nous de votre temps à RAC. Comment avez-vous trouvé que votre formation vous a aidé à trouver un emploi ?
Frédéric : Sans mon année à RAC, je n’aurais jamais obtenu les emplois que j’ai eus. Cela dit, je suis très critique envers l’éducation en général. Ce qui a été le plus important, c’est la façon dont j’ai agi et l’initiative que j’ai prise pendant mon année à RAC, ainsi que mes interactions avec les gens là-bas. Si je m’étais contenté d’aller en cours et de rentrer chez moi comme si c’était l’école secondaire, je ne serais pas là où je suis professionnellement aujourd’hui. Le temps que j’ai consacré en dehors des cours – en passant du temps supplémentaire avec le personnel, en cherchant à approfondir mes connaissances, en discutant avec mes camarades de classe – a été fondamental pour mon éthique de travail et je crois que c’est ce qui m’a permis d’obtenir des emplois.
RAC : Quels sont vos objectifs en tant qu’ingénieur du son et concepteur sonore ? Avez-vous déjà franchi des étapes importantes dont vous êtes fier ?
Frédéric : En ce qui concerne l’audio pour les jeux vidéo, un de mes objectifs réalisables serait de diriger toute l’audio d’un jeu, du début du projet à sa sortie. J’aimerais avoir une liberté de création totale en matière de musique et de conception sonore. Mais j’ai également franchi des étapes importantes. En 2022, les jeux dont j’ai conçu le son sont enfin sortis sur les principales consoles et sur les principaux PC ; c’était la première fois que je pouvais annoncer une sortie officielle pour un projet sur lequel j’ai travaillé. Au même moment, tous les autres projets sur lesquels je travaillais étaient encore en cours de production ou étaient des projets privés pour des parcs d’attractions à travers le monde. C’est un moment fort de ma carrière.
RAC : Merci beaucoup pour votre temps, Frédéric ! Pouvez-vous nous faire part de vos projets pour le reste de l’année 2022 ?
Frédéric : À la fin de cette année, j’aurai passé presque la moitié de l’année à parcourir le monde, à m’inspirer, à écouter, à collecter des sons et, surtout, à découvrir de nouvelles cultures. J’ai des idées spéciales que j’ai hâte de mettre en œuvre dans mes prochains projets, mais bien sûr je ne peux pas en parler… Gardez l’œil ouvert !
Texte écrit par Ania Szneps
Illustration par Yihong Guo
