fb

Ne voulant pas se limiter à un seul médium artistique, Émilien Bombardier, alias Bomber on the Beat, s’est donné pour mission d’adopter une approche holistique de son art, mêlant des œuvres visuelles originales à des projets sonores collaboratifs. Trouvant son inspiration pratiquement partout – de différents genres musicaux à divers styles d’art – le travail d’Émilien rend hommage aux cultures apparemment dissemblables qui ont fait de lui l’artiste qu’il est aujourd’hui.

Ce diplômé bilingue multidisciplinaire de RAC a discuté avec nous de l’art, de la recherche de son style en tant que créateur, de l’importance du réseautage, ainsi que de son propre parcours artistique qui a donné naissance à son personnage Bomber on the Beat.  

Décrivez le son de Bomber on the Beat : Trippy

Quel est votre signe de zodiac ? : Verseau

Votre repas préféré lorsque vous êtes en studio : le café

Trois musiciens ou groupes préférés : Sticky Fingers, Jean Leloup, Kendrick Lamar

Illustration préférée (la vôtre ou de quelqu’un d’autre) : C’est l’illustration que j’ai faite pour mon dernier projet intitulé So Long 

RAC : Qui est Bomber on the Beat ? Parlez-nous un peu des premières années qui vous ont influencé en tant que rappeur/beatmaker.

Bomber : Quand j’étais adolescent, je dessinais ou écrivais toujours des paroles de chansons dans mes livres d’école. Une fois l’école terminée pour la journée, j’enregistrais ces paroles dans ma chambre avec un micro bon marché et je postais les chansons sur SoundCloud pour que mes amis puissent les écouter. Il s’agissait principalement de chansons rap ou reggae.

Puis mon ami d’enfance m’a montré comment faire des beats sur GarageBand et Logic. J’ai donc appris à composer des mélodies pour accompagner les paroles que j’écrivais. 

À l’école primaire, je jouais du saxophone dans l’orchestre, j’avais donc déjà quelques connaissances en théorie musicale, ce qui m’a aidé à me lancer dans la production musicale.

RAC : En regardant vos inspirations musicales, trouvez-vous que vos goûts ont changé depuis que vous avez commencé à créer vos beats ou est-ce que vous y puisez toujours des idées ? Qu’appréciez-vous chez ces artistes qui vous ont d’abord influencé ?

Bomber : Depuis que j’ai commencé à créer des beats, mes goûts musicaux ont beaucoup changé. J’écoutais de la musique pop (Lady Gaga, Justin Bieber, Flo Rida, etc.) et j’aime toujours autant le côté accrocheur et efficace de ce genre. J’ai aussi écouté les grands classiques que ma mère aimait (rock, pop, musique québécoise et mondiale) et j’apprécie toutes ces mélodies qui mettent en valeur toute la culture derrière ces projets. 

Pour être honnête, les chansons que j’ai écoutées auparavant ne sont pas celles qui me donnent le plus d’idées, mais elles m’ont beaucoup influencé, même si ce n’était qu’inconsciemment. 

Je pense qu’il est très important d’avoir une grande culture musicale quand on travaille dans ce domaine, donc je ne rejette pas ces chansons. De plus, j’aime beaucoup mélanger différents genres dans mes propres productions, donc j’essaie d’utiliser toutes mes connaissances accumulées pour ce genre d’occasions.

RAC : Vous produisez vos propres beats mais rappez aussi sur certains de vos morceaux. Préférez-vous le processus créatif d’être un beatmaker ou un rappeur ? Pourquoi ?

Bomber : En général, je préfère rapper/chanter dans mes projets musicaux. J’adore faire du beatmaking, mais ma passion première est d’écrire et d’interpréter des paroles. C’est plus facile pour moi de créer une histoire intéressante de cette façon, surtout parce que j’ai plus confiance en ces compétences. Quand j’étais plus jeune, je voulais écrire des livres et j’ai étudié la littérature française au CÉGEP, mais j’ai découvert que les paroles de chansons sont le format parfait pour moi. Je peux mélanger la poésie avec des observations de tous les jours. C’est comme une thérapie pour moi de mettre toutes mes pensées sur une feuille de papier. 

De plus, lorsque j’enregistre mes paroles, j’aime utiliser un rythme produit par un autre artiste. C’est amusant de collaborer avec des amis ou des contacts, surtout parce que je peux obtenir leur avis, ce qui rend la production bien meilleure.

RAC : Comment avez-vous établi ces contacts ? Pouvez-vous partager des conseils sur le réseautage et de création de liens dans l’industrie ?

Bomber : Certains de mes contacts sont de vieux amis et d’autres sont des amis plus récents. Dans ce secteur, il est très important d’avoir des relations, alors quand je vais à des spectacles ou à des événements, je n’hésite pas à partager mes informations avec des personnes que je viens de rencontrer. Parfois, on peut trouver le collaborateur idéal sans l’avoir planifié !

Pendant mes études à l’Institut d’enregistrement du Canada, j’ai également eu l’occasion de rencontrer divers artistes et professionnels. Certains de ces camarades de classe font maintenant partie de mes contacts. Je dirais qu’une autre bonne façon d’établir de bonnes relations est d’étudier ou de travailler dans l’industrie dans laquelle vous voulez commencer une carrière. 

RAC : Pourriez-vous nous parler de certains des sujets que vous abordez dans vos raps ? Quel est le message que vous espérez faire passer dans votre musique ? 

Bomber : Ces derniers temps, dans mes projets solo, j’aime rapper sur des sujets plus profonds et plus sombres comme la dépression, la mort, les drogues et les situations de la vie réelle, mais avec un peu d’espoir à travers tout cela. Quand je parle de ces sujets, j’espère que les gens s’identifieront et sauront qu’ils ne sont pas seuls dans ces situations difficiles.

Lorsque je collabore avec d’autres artistes, j’essaie de parler de sujets plus légers. J’aime créer des vibrations et parler de choses agréables, ou alors je me donne la possibilité d’écrire des textes poétiques ou philosophiques. Lorsque je produis ce type de chansons avec des collaborateurs, je veux que nos auditeurs voyagent avec nous et ressentent l’énergie que nous essayons d’exprimer.

RAC : Vous êtes également un excellent illustrateur avec des personnages et des dessins assez funky. Y a-t-il des artistes ou des styles particuliers qui vous inspirent ? Qu’est-ce que vous aimez dans leur travail ?

Bomber : En général, les arts psychédéliques m’ont toujours émerveillé et c’est ce qui m’inspire dans mes propres projets. Il n’y a pas beaucoup d’artistes dont je m’inspire, sauf Chris Dyer qui est un artiste canadien/péruvien qui fait des projets trippants (artwork, graffiti, sculpture, etc.). Il y a aussi Salvador Dali.

Les illustrations qui accompagnent les chansons et font la promotion d’événements m’influencent aussi beaucoup. J’aime analyser ce type d’œuvres car je peux découvrir les astuces utilisées par les illustrateurs pour créer leur art, que je vais réinterpréter à ma façon. J’aime beaucoup les illustrations 3D, les dessins animés, les œuvres brutes de Photoshop et les logos. Je suis également un grand fan de l’art du tatouage en général. 

Ces dernières années, je suis devenu un grand fan de mangas comme Naruto et Dragon Ball Z, alors parfois je trouve de l’inspiration dans ces illustrations qui sont superbes ! C’est la même chose quand il s’agit des jeux vidéo Nintendo et de l’univers Pokémon.

RAC : Pour faire suite à la dernière question, comment conseilleriez-vous nos lecteurs pour trouver leur propre style (que ce soit musicalement ou à travers les illustrations). Comment en êtes-vous arrivé au point de trouver le vôtre ?

Bomber : Pour être honnête, je suis encore à la recherche de mon propre style dans la musique et les illustrations. Mais après avoir réalisé plusieurs projets différents, j’ai une meilleure idée de ce que j’aime faire et de ce que je n’aime pas. En outre, le fait d’essayer constamment de nouvelles choses me fait découvrir de nouvelles passions, et de nouvelles cordes sont ajoutées à mon arc.

Mon conseil serait de continuer à créer de nouveaux projets et à collaborer avec d’autres artistes pour obtenir le plus de feedback possible. De cette façon, vous aurez l’occasion de découvrir de nouveaux intérêts et, grâce aux commentaires que vous recevrez des artistes ou des auditeurs, vous réaliserez ce que vos fans aimeraient voir davantage. En créant différents types de projets, vous commencerez également à en apprendre davantage sur votre propre identité en tant qu’artiste.

RAC : Les rythmes lo-fi que vous produisez et les personnages trippants que vous créez se rejoignent dans le sens qu’ils semblent tous deux incarner une vibration psychédélique. Espérez-vous marier votre musique à votre art ? Quel serait le but ultime ?

Bomber : En effet, j’aimerais marier ma musique à mon art. Mon but ultime est de créer mes propres projets de A à Z. J’aimerais produire ma propre musique, mes clips et mes œuvres d’art. 

Mon prochain grand projet est de créer un album conceptuel produit dans un studio professionnel. Mais, d’après ce que j’ai déjà appris et expérimenté dans le domaine de la musique, je sais que le travail en équipe serait très utile. Un autre de mes objectifs est donc de trouver une équipe avec laquelle je me sente à l’aise et qui comprenne mon point de vue.

RAC : Parlez-nous de votre formation musicale à RAC. Quels sont les points les plus importants que vous avez retenus de vos études ? 

Bomber : J’ai vraiment aimé étudier à RAC ! Au début, je me suis inscrit au programme parce que je voulais améliorer mes compétences en production musicale et en enregistrement en studio, ce que j’ai fait. Mais l’une des choses que j’ai apprises et dont je me souviens le plus est l’importance du travail d’équipe dans cette industrie.

Pendant mes études, j’ai eu l’occasion de nouer des relations avec mes camarades de classe et même avec certains professeurs. Certains des instructeurs du RAC étaient et sont toujours parmi les meilleurs professeurs que j’ai eus dans ma vie, surtout parce qu’ils m’ont montré qu’ils étaient aussi passionnés que moi. Bien sûr, j’ai appris beaucoup de théorie et j’ai pratiqué tous les jours dans les studios, mais la chose la plus importante pour moi est le travail d’équipe !

RAC : Merci pour votre temps, Émilien ! Que pouvons-nous attendre de vous pour le reste de l’année 2022 ?

Bomber : De rien ! Que pouvez-vous attendre de moi en 2022 ? Vous pouvez vous attendre à ce que je me produise davantage dans des chansons reggae et hip hop. Vous me verrez aussi sortir de nouvelles musiques électroniques avec des illustrations trippantes que je crée moi-même. Vous pouvez ajouter mon portfolio ou mon Linktree dans vos signets pour ne rien manquer !

Je travaille actuellement à L’institut d’enregistrement du Canada, alors vous me verrez peut-être sur le campus de Montréal. Mais on ne sait jamais ! De nouvelles opportunités pourraient se présenter et je pourrais travailler dans une salle de spectacle ou un studio près de chez vous.

Texte écrit par Ania Szneps

Illustration par Yihong Guo