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Aujourd’hui, je vais présenter « Braindeath », une chanson que j’ai récemment sortie sur le label de Dack Janiels et Wenzday 40 Oz Cult. Je vais passer en revue mon approche de la production d’une musique convaincante en l’absence de chant ou d’autres voix mélodiques dominantes. Avant de commencer, écoutons le produit fini :

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En tant que producteur, c’est votre travail de faire vivre à l’auditeur un voyage intéressant et mémorable, en lui donnant un peu de ce qu’il voulait, et un peu de ce qu’il ne savait pas qu’il désirait. Une grande partie de la musique repose sur le chant pour y parvenir, mais en tant que compositeur, beat-maker ou producteur de musique électronique, vous n’avez pas ce même privilège. Vous devez plutôt trouver d’autres moyens de transformer la vision que vous avez de votre musique en quelque chose que vos auditeurs peuvent apprécier. Voici ma méthode pour y parvenir.

Étape 1 : Établissez votre palette sonore unique

Chaque chanson est construite à partir d’un ensemble de sons appelé palette sonore, qui comprend une combinaison de patchs de synthétiseur, d’échantillons audio, de matériel enregistré, ainsi que vos techniques d’enregistrement et de traitement du son. Une partie du travail d’un artiste consiste à développer une palette qui, au fil du temps, aide à établir sa propre sonorité. En tant que producteur « in-the-box », ma palette comprend des patches de synthétiseur, des échantillons et certaines techniques de traitement.

Ma palette sonore joue un grand rôle dans le développement précoce de chaque chanson que je produis. Je commence par choisir une vision pour la chanson, puis je crée et rassemble les sons de ma palette qui, selon moi, serviront au mieux cette vision. Pour « Braindeath », je voulais créer une chanson heavy et épique, quelque chose qui ferait vibrer les fondations d’un concert. Avec cette vision à l’esprit, la première chose que j’ai faite a été de passer quelques heures à concevoir des patches de synthétiseur qui, je le croyais, aideraient à donner vie à ma vision. Le synthétiseur dans l’intro et les nombreux sons que vous entendez dans le drop sont le résultat final de cette session.

Étape 2 : Transférez votre vision dans le projet

Une fois que la palette sonore de votre chanson est établie, il est temps de la mettre en œuvre. Dans la plupart des musiques électroniques, le drop est l’endroit où la vision de la chanson ressort vraiment, donc j’aime travailler sur cette partie d’abord. En m’assurant que les patchs que j’ai choisis fonctionnent pour le drop, le reste du processus de création est beaucoup plus facile.

Alors, avec mes patches de synthétiseur prêts à l’emploi, j’ai commencé à écrire des notes midi pour celles qui me semblaient les plus efficaces dans mon drop. J’aime travailler avec plusieurs sons de basse différents pour éviter d’avoir un son linéaire et répétitif. Dans « Braindeath », je me suis assuré d’avoir des éléments qui sautent fréquemment dans et hors du drop pour le garder intéressant et imprévisible en changeant les rythmes et les textures des sons utilisés. Il a fallu un peu d’essais et d’erreurs pour réussir cette étape, mais à la fin, j’avais une idée approximative de ce à quoi mon drop ressemblerait.

Étape 3 : Régler les « petits » détails

Le titre sera-t-il produit dans un genre spécifique ? Est-il destiné à être joué dans un environnement spécifique ? Quelle doit être la résonance et l’impact du drop. L’intro et le build-up sont-ils destinés à annoncer le drop ou à le différencier ? Quelle sera la vitesse générale de la musique ? Quelle est la meilleure tonalité ? Ces détails sont un peu ennuyeux à régler, mais ils sont essentiels pour établir une forme et une structure pour votre chanson.

Pour « Braindeath », ma première priorité était l’impact. Je voulais que la chanson touche les auditeurs de plein fouet quand je la joue en live, avec un morceau de basse lourd et traînant qu’ils ressentiraient au plus profond d’eux-mêmes. J’ai décidé de l’écrire en fa mineur, une tonalité qui permet au sub de résonner plus clairement (les sons de basse sont plus résonnants lorsqu’ils sont joués entre ré# et sol#). J’ai réglé le tempo à 90 bpm et j’ai gardé le rythme de la batterie simple et cohérent pour qu’il ne gêne pas mes synthés, que je voulais être le principal moteur de la chanson.

Étape 4 : Ajouter une structure et un rythme

C’est la partie où vous trouvez le moyen de donner à votre vision de la chanson le plus d’impact possible. La structure fait référence à l’ordre et à la durée de chaque section (intro, buildup, drop, etc.) et le rythme aux motifs que vous utilisez tout au long de la chanson. Combinés, ils offrent un cadre qui vous permet de développer le parcours de l’auditeur.

Structure

En général, vous voulez construire votre chanson autour de deux drops, le premier apparaissant autour d’une minute et le second vers la fin de la chanson. La durée de chaque section dépend du tempo de la chanson : les chansons au tempo élevé doivent avoir plus de mesures dans chaque section que les chansons plus lentes.

J’ai développé cette structure pour « Braindeath » en gardant à l’esprit son tempo de 90 bpm :

  • Intro – 16 mesures
  • Buildup – 8 mesures
  • Drop – 16 mesures (1:04)
  • Break – 16 mesures
  • Buildup – 16 mesures
  • Drop 2 – 16 mesures

Rythme

Il est important d’accorder à votre rythme l’attention qu’il mérite ; dans la musique électronique, le rythme est aussi important pour la mémorisation d’une chanson que la mélodie. Un bon rythme peut se retrouver dans le cerveau d’un auditeur et y rester pendant des jours, il vaut donc la peine d’inventer des patterns intéressants. Vous pouvez le faire assez facilement en ouvrant l’éditeur midi de votre DAW et en écrivant des notes sur la grille et en ajoutant, supprimant et modifiant la taille des notes pendant la lecture de la boucle.

La création de motifs rythmiques est l’une de mes parties préférées du processus de production, c’est pourquoi vous entendrez tant de variété rythmique dans ma musique. Dans « Braindeath », vous pouvez entendre le rythme du synthétiseur pulsant depuis le début de la chanson jusqu’au drop. Pendant le drop, j’introduis des variations rythmiques toutes les 2 mesures, ainsi qu’un changement d’instrumentation toutes les 8 mesures.

Étape 5 : Ajouter la mélodie

Tous les créateurs de musique ne laissent pas la mélodie à la fin du processus de production. Si vous produisez de la musique mélodique, vous devrez commencer à la développer à l’étape 2. Comme ma vision de « Braindeath » était de laisser un impact rythmique lourd sur l’auditeur, la mélodie n’apparaît vraiment que pendant la pause du milieu (après le premier drop) et j’ai pu m’en sortir en l’écrivant à la fin du processus de production.

La pause dans « Braindeath » présente une mélodie répétitive au piano jouée sur une grande progression d’accords. Je voulais emmener l’auditeur dans un endroit où il ne s’attendait pas à aller – un gros drop de basse à une mélodie épique qui amène la chanson à un autre niveau musical avant de revenir à un build-up familier pour le second drop. N’oubliez pas que la création musicale consiste à créer un voyage musical non linéaire, imprévisible, mémorable et exaltant pour l’auditeur. La création d’un contraste marqué entre le drop et la pause est un moyen sûr d’y parvenir.

Dernières remarques

C’est incroyable ce que l’on peut créer à l’aide d’un ordinateur, mais ne laissez pas vos outils contrôler ou limiter votre expression musicale. Grâce à une conception sonore, des rythmes et une musicalité uniques, vous pouvez créer une musique électronique accrocheuse, mémorisable et imprévisible, malgré l’absence de voix ou de paroles pour maintenir l’intérêt de votre public.

Polykrome est un producteur et DJ basé à Montréal et diplômé de Recording Arts Canada.