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Devenez stagiaire !

Que ce soit en enregistrement, en médias numériques ou en conception de jeux vidéo, l’étape du stage est incontournable, une fois votre diplôme obtenu, pour entrer dans le monde du travail et lancer votre carrière.

Les entreprises de l’industrie audio et musicale adorent les stagiaires : ils apportent leur soutien aux employés pour par exemple rattraper des retards accumulés. Mais surtout, recruter un stagiaire permet aux entreprises vous évaluer en tant qu’employé potentiel et, si vous faites vos preuves sur le terrain et que vous apprenez vite, vous garder en réserve si un technicien tombe malade ou quitte son poste.

« Mon critère quand je cherche un stagiaire, c’est de voir si la personne sera capable de faire le travail de n’importe lequel de mes employés après trois à six mois sur le terrain », nous dit Donny Da Silva, responsable du studio Phase One à Toronto. Le studio Phase One est un des plus connus au Canada pour avoir accueilli des stars mondiales comme Rihanna, Akon, Sting, 50 Cent et Bono de U2.

« Je ne recrute pas des stagiaires pour la forme, mais bien parce qu’on a toujours besoin d’un plan B pour parer à tous les imprévus : c’est le rôle d’un stagiaire. » Pour Phase One, qui contient quatre studios dans un espace de 7450 pieds carrés au nord de la 401, ce n’est pas une porte d’entrée parmi d’autres : c’est la seule.

« Quand un poste est créé, je le donne toujours à un stagiaire. Je ne recrute pas d’employés sans les avoir essayés en stage. Les stagiaires ont le temps de se familiariser avec nos installations et de comprendre nos méthodes de travail. D’habitude je les garde assez longtemps pour m’assurer qu’ils soient vraiment à l’aise et que je puisse les mettre en charge d’une session d’enregistrement sans me faire de souci. »

« C’est comme ça que j’ai toujours fait cela et ça fonctionne très bien. »

Thomas Neuspiel est propriétaire et président de Keen Music, Voice & Sound Design, une entreprise de post-production établie sur Spadina Avenue à Toronto. Dans ses studios ont aussi été enregistrés des musiciens tels que Lindi Ortega, Tomi Swick, Andy Stochansky and Simon Wilcox. Thomas nous dit qu’il n’embauche des stagiaires que quand il planifie d’agrandir son entreprise.

«  La plupart du temps, j’hésite à accueillir des stagiaires parce que quand on est très occupés, cela devient difficile de leur transmettre une expérience qui vaille la peine, parce qu’on n’a pas le temps de s’occuper d’eux, mais quand on est moins occupés, cela ne sert à rien non plus puisqu’on ne peut pas leur donner grand chose à faire. », nous explique-t-il.

« Du coup je n’en prends pas régulièrement, sauf quand j’en ai vraiment besoin. Je les recrute seulement si je vois pour eux l’opportunité de s’impliquer réellement. Quand je choisis quelqu’un je le mets à l’essai pendant un certain temps pour vérifier s’il fera l’affaire ».  “

Et ne vous méprenez pas : la plupart du temps, les stagiaires sont chargés des tâches les plus ingrates au début. Il faut s’armer de patience : au bout d’un certain temps, vous verrez des ouvertures et des occasions de montrer vos talents.

« Le gros du travail est d’assister tous les autres dans leurs tâches », résume Neuspiel. « Apporter du café et installer des micros, mais aussi gérer le téléphone et faire le ménage. Mais rapidement ils peuvent commencer à faire des choses en lien avec ce qu’ils ont appris et ce pour quoi ils ont du talent. S’ils sont astucieux, s’ils s’appliquent, tout peut arriver très vite. »

Et Donny Da Silva d’ajouter :

« Il faut établir un lien de confiance avec l’équipe et montrer ses compétences en accomplissant toutes les tâches avec soin ».

« Par exemple, après quatre mois de stage, inévitablement on viendra vous chercher en disant : ‘J’ai besoin d’aide sur cette session : tu viens ?’ » Et là vous vous retrouvez en session d’enregistrement, vous observez, vous apprenez, vous découvrez les méthodes et les processus, et ça fait boule de neige. »

Une chose importante : ne négligez pas ces tâches de routine, elles sont beaucoup plus cruciale que vous ne le pensez.

« Quand j’évalue un stagiaire, ce que je veux voir est une attention et un soin irréprochable dans toutes les tâches », nous dit Da Silva. « S’il a nettoyé la cuisine comme jamais personne ne l’a fait avant, ca m’en dit long. »

Une fois employé, vous pouvez commencer à tailler votre chemin, nous dit Matt Redman, diplômé de RAC. Il a fait un stage à Q Music, géré par Donald Quan, puis aux studios Hamilton Hyde, suivi d’un stage chez Keen Music, Voice & Sound Design qui est finalement devenu un poste d’assistant de production.

« Dans ce milieu, rien n’est jamais acquis », nous dit Redman. « Parfois, on a l’impression d’être en entretien d’embauche pendant qu’on travaille. Je me considère comme une personne proactive et très positive, donc quand je suis arrivé chez Keen, j’ai travaillé très fort et je leur ai montré ce dont j’étais capable. En fait, si une opportunité d’emploi vous offre la chance de montrer ce que vous pouvez faire et de vous rendre compte si vous êtes fait pour cela, c’est le meilleur qui puisse vous arriver. »

Sachez que les stages rémunérés sont chose rare. La plupart ne sont pas rémunérés et vous devez être un bénévole assidu pour espérer décrocher un emploi à la fin de votre contrat de stage. Et même si votre stage ne débouche pas sur un emploi dans la même entreprise, il s’agit d’une expérience inestimable pour votre carrière, nous dit Margaret Spence Krewen, présidente chez Human Resources Consulting, une agence de placement basée à Toronto qui offre du soutien à la recherche d’emploi, ainsi que des formations et du coaching en emploi.

« Les étudiants doivent comprendre que même si certains stages débouchent directement sur un emploi à temps plein, ce n’est pas le cas pour la majorité d’entre eux. Il ne faut pas que vous soyez déçu(e)s, parce que de toutes manières un stage n’aura pas été une perte de temps. Le stage est la meilleure manière de se former sur le terrain, et d’appliquer en situation réelle tout ce que vous avez appris dans votre programme de formation. 

« Plus vous accumulez de stages réussis, plus vous avez de références à utiliser lorsque vous appliquez pour un emploi, sans parler des occasions de réseautage que cela permet.

L’industrie de l’audio et de la musique sont extrêmement compétitives, et c’est un milieu où tout le monde se connaît. Margaret conseille donc de traiter tout stage « comme de l’or » et de s’y dédier entièrement.

« Si vous n’êtes pas performant, cela va finir par se savoir et vous vous retrouverez sans possibilité de vous assurer un emploi à temps plein dans votre domaine. Inversement, si vous êtes dévoué et brillant, votre stage devient une recommandation vers d’autres employés potentiels.

Si vous êtes encore à l’école, ne sous-estimez jamais le pouvoir du réseautage. À l’Institut d’enregistrement du Canada, Da Silva et Neuspiel ont tous deux suivi les recommandations de Brian Nevin, enseignant et instructeur à RAC, pour choisir leurs stagiaires.

« Brian est un ami de longue date » dit Neuspiel, « donc c’est toujours lui que je viens voir en premier ». « Je lui demande s’il a des étudiants qui se sont démarqués, et il ne se trompe jamais ».

Évidemment, les meilleurs candidats aux stages ont des compétences poussées et une excellente attitude. Mais d’autres qualités sont aussi prises en compte :

« Nous recherchons des personnes très passionnées, et qui seraient prêts à renoncer à la majorité de leur vie sociale pour réaliser leur rêve de devenir un technicien de son », nous dit Da Silva de Phase One.

« Les gens ne réalisent pas l’immense quantité de temps nécessaire pour apprendre et maîtriser l’équipement, et pour devenir capable de faire des choses exceptionnelles avec.

« Cela demande des tonnes d’heures supplémentaires, par exemple le soir, la nuit et les fins de semaine. En fait c’est assez difficile de garder une vie sociale dans de telles circonstances. »

Chez Keen Music, Thomas Neuspiel nous rappelle qu’en plus de savoir composer, enregistrer, etc., ce qui va de soi, la ponctualité et les habiletés en communication sont des qualités essentielles.

« Venir à l’heure aux réunions, être organisé… Nous prêtons beaucoup attention aux qualités comme la communication et le comportement.

 « Je recherche des gens dotés d’une belle personnalité, qui sont créatifs et qui communiquent bien. Des gens qui brillent par leur passion, leur énergie, mais aussi par leur sens de l’organisation.

Et si vous n’êtes pas prêt à accepter certains sacrifices au travail, c’est que vous n’êtes tout simplement pas réaliste.

« Le monde réel est beaucoup plus féroce que vous ne pensez. Et ce que vous devez faire, c’est garder la tête hors de l’eau », dit encore Da Silva, qui a été stagiaire avant de devenir ingénieur du son et, plus tard, directeur du studio Phase One.

« Dans ce domaine, vous apprenez en continu. Vous devez lire tout ce qui s’écrit sur le sujet, à propos des nouveaux équipements, sur les techniques, les astuces… bref, tout ce qui concerne cette industrie.

« Si vous ne vous tenez pas à la page, vous resterez en arrière : c’est véritablement un processus d’apprentissage continu. Dans notre studio on a quelques ingénieurs récipiendaires de prix, et ils viennent toujours avec un livre, on les voit toujours en train d’apprendre. C’est fondamental. »

À propos de la durée idéale pour un stage, une bonne fourchette est entre trois et six mois… bien qu’ils puissent parfois durer plus longtemps.

« S’ils ont une autre source de revenu et peuvent attendre – j’ai déjà gardé un stagiaire pendant une année complète, raconte Da Silva. Avec d’autres cela a été plus rapide, trois ou quatre mois.

Matt Redman de chez Keen conseille aussi de ne pas vous inquiéter si vous vous retrouvez dans un stage qui ne vous semble pas parfaitement adapté à vous.

« J’ai fait plusieurs stages, et c’est seulement le dernier qui était le plus adapté à mes compétences, dit Redman. Pour moi il était important de chercher, de frapper à différentes portes pour découvrir toutes les différentes possibilités qui s’offraient à moi.

« Je pensais faire de l’enregistrement/réalisation, et cela m’intéresse toujours, mais à Keen j’ai découvert quelque chose dont je ne connaissais aucunement l’existence avant – de petites entreprises comme celle-là qui créent des bandes musicales originales, mais qui font aussi dans l’écriture de capsules-radio, qui enregistrent parfois la nuit, et qui touchent en fait un peu à tout.

« J’ai fini par trouver un emploi vraiment passionnant

Nick Krewen

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