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Devenir beatmaker – entrevue avec Koal Harrison, diplômé de l’Institut d’Enregistrement du Canada

Racontez-nous votre expérience à RAC ?

RAC a été une formidable expérience pour moi. C’était génial. Ce qui m’a le plus apporté, c’était de rencontrer tous ces gens pleins de talent, ainsi que les membres de l’équipe, qui ont tellement de connaissances, et qui ont ouvert mon esprit sur beaucoup de facettes de la musique et du son dont je ne savais rien.

Pouvoir utiliser les excellents studios de RAC a été un énorme privilège, qui m’a ouvert les yeux et a changé ma perception des choses. Cela m’a permis de sortir de ma zone de confort et d’avoir une approche plus professionnelle et ambitieuse. Le programme était excellent. Ces études ont été un merveilleux moment pour moi, et les professeurs m’ont aidé à rester concentré et à tout comprendre. Il y a des cours qui m’ont plus passionné que d’autres, mais ils étaient tous intéressants. J’ai beaucoup apprécié l’enseignement de Danny Jacques. Pour retirer le maximum des cours, il faut poser des questions et vouloir approfondir, il ne faut pas rester dans son coin à bricoler. C’est d’ailleurs là que le fait d’avoir d’excellents professeurs entre en ligne de compte. Tu peux poser toutes les questions que tu veux et ils y répondent précisément : rien à voir avec ce que tu peux trouver sur Internet !

Quel a été ton parcours musical avant de t’inscrire à RAC ?

Je suis allé à la Rosedale Heights art school for music. J’ai commencé à m’intéresser à la musique avant le secondaire, en apprenant la guitare, et après j’ai décidé que je voulais jouer de la batterie. J’ai fait partie de l’ensemble de mon école, et après j’ai fondé mon propre groupe, qui s’appelait Squeeky and the Terribles – ce nom venait d’une blague récurrente avec le professeur d’ensemble. On jouait quelque chose de très intense, du jazz-fusion-funk. On écrivait des chansons en 15/8, des compos vraiment bizarres. Ça m’a donné un sens de la métrique assez étrange et ça m’a permis de développer mes talents de batteur. Vers la fin de l’école secondaire, je me suis mis au hip hop et à faire des beats. MF Doom et J Dilla m’ont beaucoup inspiré, et je m’y suis mis à fond. C’était une révélation. Je me suis dit : « c’est ça que je veux faire ».

Dans quels genres de projets musicaux t’es-tu impliqué avant d’obtenir ton diplôme à RAC ?

J’ai trouvé intéressant le projet en esthétique, où il fallait composer une chanson en trois cours, dans la perspective de créer un nouveau courant musical. Il fallait composer trois sections différentes à l’aide du logiciel Reason. Cela m’a tellement habité que j’étais rendu à avoir 100 pistes rien que dans mon fichier Reason. Le résultat était très étrange. En fait je continue à travailler cette composition et j’aimerais y ajouter de vrais instruments.

Est-ce qu’il y a eu un événement particulièrement marquant pendant tes études à RAC, qui aurait influencé tes décisions depuis l’obtention de ton diplôme ?

Oui. Quand j’ai commencé à faire du beat j’étais influencé par J Dilla, ce qui fait que mes productions étaient pleines d’échantillons, récupérés sur des vieux vinyles. Plus j’ai progressé à RAC, plus j’ai eu envie de créer mes propres sons et d’utiliser les plugins avec plus de complexité, pas seulement appliquer aveuglément des presets. C’est arrivé grâce au fait d’apprendre les fondamentaux et les processus à l’œuvre derrière les outils, ce qui m’a permis d’être plus créatif et de considérer le studio comme un outil de création plus que comme un espace technique. Plutôt que de l’utiliser comme une machine, je l’utilisais comme un outil pour obtenir le son que j’avais en tête. L’expérimentation peut t’amener très loin, plutôt que de simplement utiliser des presets et des solutions faciles.

Sur quoi travaille-tu actuellement ?

J’ai quelques projets en cours. J’ai un projet avec un chanteur qui s’appelle Emmett Verhoog. C’est un camarade du secondaire, qui a une voix pleine de chaleur, très néo-soul. Nous travaillons sur un EP qui devrait sortir cette année. J’ai presque fini la réalisation, mais nous travaillons sur de nouvelles pièces que nous aimerions ajouter.

Je travaille également à la préproduction de mon propre album. Il n’y aura que des instruments live, pas d’échantillons. Je vais le co-réaliser avec mon ami Braden Solder. En tant que réalisateur de disques, il est plus dans le folk/rock, et surtout il fabrique lui-même ses propres micros, ses amplificateurs et ses compresseurs. Comme c’est aussi le matériel qu’il utilise, il a un son bien à lui. Justement, je veux que mon album se distingue de tout ce qui se fait actuellement. Et je ne veux plus faire d’échantillonnage, c’est sûr.

Racontez-nous une session d’enregistrement particulièrement mémorable ?

Il y a eu cette session d’enregistrement qu’on a fait avec les moyens du bord, chez moi. On a utilisé un micro dynamique de très mauvaise qualité. On a enregistré dans un garde-robe sans aucun traitement d’isolation, rien. On faisait une reprise de la chanson « You got it bad » de Usher (Elle va sortir bientôt dans une compilation de reprises). C’était une expérience magique, parce que cela m’a permis de réaliser à quel point de bonnes prises viennent du ressenti qu’on met dans la prise ou dans la session d’enregistrement. Tu peux avoir l’équipement le plus cher, si ton chanteur est nul, la prise le sera aussi. Notre chanteur a fait une seule prise, puis une autre pour la deuxième voix, et nous avions le souffle coupé.

Comment trouves-tu la scène torontoise ?

La musique underground, la scène des beatmakers autant que la scène indie, est en pleine explosion. J’aime bien la scène musicale torontoise, mais il faut y trouver sa place, et il y a beaucoup de groupes qui sonnent un peu pareil et qui se noient dans la masse. C’est une scène agréable quand même.

Quels sont tes objectifs personnels ?

Mon but est d’accumuler autant de connaissances que possible. Je veux devenir un expert en conception sonore. J’ai adoré apprendre la conception sonore à RAC, et cela m’a permis de découvrir ce que j’aimais le plus dans les techniques de son, et maintenant j’ai conscience des domaines sur lesquels j’ai besoin d’en apprendre plus, afin de continuer ma formation dans quelque chose de plus spécifique. Je veux me concentrer sur la conception sonore et la prise de son pour baliser ma propre carrière, et avoir toutes les compétences nécessaires pour obtenir le son que je recherche.

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voudrait commencer sa carrière dans l’audio ?

J’ai fait 200 mauvais beats avant d’en faire un bon. Ne vous laissez jamais décourager. Tout le monde veut des résultats immédiats, mais même si composer de la musique est plus facile que jamais, cela prend du temps, à moins d’être le génie musical du siècle. Je conseille également de collaborer avec des gens aussi bons ou même meilleurs que vous pour pouvoir apprendre de nouvelles choses, et pouvoir discuter de leurs manières de faire. Expérimentez sur tout ce que vous pouvez, parce que c’est le meilleur moyen d’apprendre et de comprendre, notamment pour les plugins et les logiciels audio numériques.